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Le lancement gaguesque de Gaston Lagaffe à la French Touch

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 novembre 2023                      Lien  
Les organisateurs de l’événement de la French Touch qui devait se passer mercredi au Centre Georges Pompidou ont appris à deux jours de la date fatidique que le personnel de Beaubourg était en grève (le Centre doit fermer cinq ans et leur avenir est incertain). Or, le nouvel album de Gaston Lagaffe aux éditions Dupuis devait faire son lancement à cette occasion… M’enfin ! Il a fallu des nerfs d’acier de Prunelle et l’inventivité de Gaston pour trouver un « plan B » en 24 heures. Cela s’est fait dans le très beau lieu de la Mutualité dans le 5e arrondissement de Paris.

Du coup. Gaston, c’était au 5e étage du bâtiment. Hélas, seulement un ascenseur sur trois fonctionnait, rôntudju !, et ce sont des ascenseurs pour cinq personnes ! On devait s’attendre avec le « héros sans emploi » que tout cela s’accompagne de son lot de gaffes.

Un héros belge, dessiné par un Canadien de Sherbrooke, voilà qui attire immanquablement le sarcasme dans le cadre d’une "French Touch"... C’est pourtant cela l’esprit de ce mouvement qui regroupe les industries de la Mode et de la Création, des Jeux Vidéo, de l’Édition, des Arts visuels, des Arts de vivre, de la Musique et du Spectacle vivant et du Cinéma & Audiovisuel : rendre hommage aux innovateurs qui font rayonner la France, et si Gaston n’en est pas un, d’innovateur, c’est quoi alors ? Au prix de quelques gaffes ? Bôh...

Sur scène, Julien Papelier, Directeur général adjoint de Media-Participations (mais aussi PDG de Dupuis, Mediatoon, Ellipse, Belvision, Parc Spirou,… l’addition et le café, s’il vous plaît...), corporate jusqu’à porter le sweat-shirt à l’effigie du Gaffeur, justifie la raison pour laquelle sa maison a investi dans le retour de Lagaffe : « Les grands héros ne doivent pas mourir. Il n’y a pas de raison que Batman puisse vivre sur plusieurs générations et pas les nôtres de héros. On est convaincus que l’appanage des grandes figures de la culture populaire soit laissées aux seuls Américains. Enfin, on est convaincus que le plus bel hommage que l’on puisse rendre aux créateurs, c’est de faire que leurs grandes créations leur survivent. »

Il poursuit : « On pense que c’est d’autant plus intéressant à faire que le personnage a quelque chose à dire. Je pense que vous serez tous d’accord qu’aujourd’hui, on a besoin d’un personnage qui nous apporte de la fantaisie, qui nous apporte de la poésie, qui nous apporte un peu de repos, de fantaisie, et qui nous apporte aussi une conscientisation de ce qui se passe sur le plan de l’écologie dans le monde. » Bah ouais, c’est ça, Gaston.

Le lancement gaguesque de Gaston Lagaffe à la French Touch
Marc Delaf et Julien Papelier à la French Touch

« Mais pour le faire, explque-t’il, on est convaincus aussi qu’il ne faut pas le faire avec un regard industriel. Il faut le faire avec un regard d’artiste et pour ça, il fallait trouver un créateur, et ce créateur, on est allés le chercher de l’autre côté de l’Atlantique, à Sherbrooke, qui est une très jolie province de la Belle Province justement, le Canada : c’est Marc Delafontaine, alias Delaf, pour ceux qui ont, j’en suis sûr, parmi vous, lu "Les Nombrils" pendant des années. En 2018, nous étions avec son éditeur, Benoît Fripiat, et on est tombés sur les dessins qu’il avait fait pour un numéro en hommage à Gaston, et on s’est dit : c’est lui ! »

On sait que ce projet fut contesté par la fille de Franquin qui détient le droit moral sur le personnage. Un arbitrage privé à Bruxelles a conclu que les éditions Dupuis étaient habilitées à le poursuivre. Le voilà donc, l’album, que Charles-Louis Detournay a chroniqué dans nos colonnes. Ce qui ne désarme pas les détracteurs : « Honteux  ! » commente Jean-Christophe Menu sur ses réseaux sociaux.

Or donc, le dessinateur canadien Delaf, qui avait déjà connu le succès avec Les Nombrils, une des meilleures découvertes jeunesse des éditions Dupuis de ces dernières années, vit aujourd’hui ce rêve éveillé. Il le peut : le tirage est de l’ordre de 800 000 exemplaires, ce qui en fait le 2e le plus important après celui d’Astérix. Cela faisait un bon bout de temps que l’artiste de Cherbrooke se préparait pour essayer de se hisser à la hauteur de l’enjeu. On peut enfin le juger sur pièce. Voyez comment, avec sincérité, il a parlé de Gaston et de Franquin à la French Touch.

Travaille-t-il sur le suivant. En public, il ne dit pas oui, mais il ne dit pas non, non plus...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9791034752065

Gaston Lagaffe Dupuis ✏️ Marc Delaf tout public Humour France Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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11 Messages :
  • Le lancement gagesque de Gaston Lagaffe à la French Touch
    23 novembre 2023 16:34, par Laurent Colonnier

    Delaf a fait un superbe boulot, tant graphiquement que narrativement, les gags sont très bien trouvés et scénarisés, on est totalement dans l’esprit de Franquin.

    Après, on peut discuter de l’intérêt de ces reprises (je pense qu’on devrait laisser les héros mourir avec leur créateur, ne serait-ce que pour renouveler le cheptel), mais quitte à en faire, autant les faire bien. C’est de loin la meilleure reprise avec celle de Corto Maltese, loin devant Astérix, Blake & Mortimer ou les désastreux Lucky Luke (quelle daube).

    C’est rigolo de trouver parmi les détracteurs Jannin, qui massacre consciencieusement l’oeuvre de Franquin avec ses couleurs informatiques de merde, depuis des années.

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    • Répondu le 23 novembre 2023 à  18:51 :

      Jannin et Menu, qui se fait soudain le porte étendard de l’œuvre de Franquin, décidément, on aura tout vu.

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    • Répondu par Ph.Capart le 23 novembre 2023 à  20:20 :

      Frederic Jannin n’est pas un détracteur de Delaf mais un défenseur de la volonté d’André Franquin, nuance importante. Je rappelle aussi - si besoin est - que les 2 signataires du contrat sur lequel se basent Média-Participations étaient contre une reprise de Gaston Lagaffe : 1/ Franquin et 2/ Moyersoen se basant sur ce que lui avait confié Franquin...mais l’arbitre belge a préféré s’asseoir sur ces deux seuls témoins et leurs déclarations répétées. C’est un arbitrage pleutre, à porte close, qui aura sans doute de lourdes conséquences sur la défense du droit moral, du droit de l’individu et qui ouvre une autoroute aux groupes sans scrupule comme celle qui salarie Monsieur Papelier. Winsor McCay avait dit à ses confrères en 1927 : "Animation should be an art, that is how I conceived it … but as I see what you fellows have done with it is making it into a trade … not an art, but a trade. Bad luck !” c’est ce qui se passe ici avec ce "retour". Un total contre-sens vis-à-vis de la direction, hautement artistique, induite par André Franquin. C’est tout ce contre quoi il s’est (dé)battu à travers les années. Félicitations Dupuis !

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    • Répondu par Pas d’bol le 23 novembre 2023 à  23:15 :

      Pas de chance : le travail de colorisation par Frédéric Jannin a été on ne peut plus fidèle au travail de Franquin : 10 ans de travail, utilisation des indications que Franquin laissait pour les coloristes, utilisation des illustrations qu’il réalisait en couleur directe dans Spirou pour identifier sa gamme de couleurs etc... Parfois mieux vaut bien de se renseigner avant d’écrire n’importe quoi !

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      • Répondu le 25 novembre 2023 à  18:52 :

        Les indications que Franquin laissait pour son coloriste Léonardo étaient destinées à une mise en couleurs traditionnelle, gouache, encre, aquarelle, crayon sur des bleus de coloriage, pas pour des effets photoshop délétères, de la fausse craie blanche à foison et un rendu métallique déjà dépassé et ringard en l’an 2000. Les couleurs de BenBK sur ce nouvel album sont bien plus réussies et dans l’esprit de la série.

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    • Répondu le 24 novembre 2023 à  06:58 :

      Jannin et bien d’autres, qui se découvrent soudain une passion dévorante pour la bd franco belge, qu’ils exécrent le reste du temps. C’est étonnant ce besoin permanent de détester tout ce qui ne va pas dans leur sens, de vouloir annihiler la différence, au lieu d’accepter les autres possibles.

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    • Répondu par Wilfried le 24 novembre 2023 à  07:17 :

      Jannin a bien mieux connu Franquin que vous. Alors laissez lui le droit d’être détracteur de ce nouveau Gaston. Avez-vous eu des discussions intimes avec Franquin sur plusieurs années ? Je ne pense pas. Lui, oui.
      Franquin a vendu les droits d’exploitation du personnage. Il a probablement été mal conseillé, ou ne savait pas ce qu’il signait. Il a dit tout et le contraire dans des interviews sur la reprise du personnage.
      Il y a un cadre légal pour la reprise, et Dupuis a eu bien raison de le faire. Mais ce n’est pas pour cela que j’achèterai cet ersatz de Gaston. Gaston, c’est Franquin. Point.

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  • Le lancement gaguesque de Gaston Lagaffe à la French Touch
    23 novembre 2023 22:24, par Sébastien

    Je viens de le terminer et je trouve cet album excellent ! Delaf a fait un super boulot ! J’ai aussi adoré retrouver Spirou, Fantasio et le marsupilami ! (Et Spip aussi, hein !) Vivement le prochain !

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  • Sherbrooke, une province dans la Belle province ? M’enfin.

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    • Répondu par Line Arsenault le 29 novembre 2023 à  17:25 :

      Simplement que Sherbrooke est une ville de la province de Québec, la province de Québec faisant partie du Canada.

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