Le 19 mars 2022, alors que la maison annonçait fièrement les 100 ans de la création de la maison, une conférence de presse de Dupuis à Angoulême lâchait une bombe : Gaston Lagaffe devait renaître en octobre, grâce au talent du dessinateur des Nombrils, Delaf.
Fin mars, Isabelle Franquin, la fille du dessinateur, avait amené l’affaire devant les tribunaux belges, faisant valoir le droit moral de son père, inaliénable selon la loi. Tandis que Dupuis de son côté évoquait un contrat de cession signé par le dessinateur, alors « en pleine possession de ses moyens. »
Puis, c’était la méthode de travail de Delaf qui avait interpelé les commentateurs. Il révélait dans une interview dans le Journal de Spirou [N°4382, 6/4/2022] : « - J’ai décidé de me constituer une base de données. J’ai découpé patiemment toutes les planches originales de Franquin, et j’en suis arrivé à 10 000 petits fichiers que j’ai tagués pour retrouver facilement les références à des objets, personnages, décors ou attitudes. Ce travail de documentation m’a permis d’avoir en permanence à disposition des références pour pouvoir interpréter convenablement les scènes. Pour une planche, je peux avoir jusqu’à 300 références sur l’écran latéral de mon ordinateur… » Ainsi, la frontière entre la fidélité et le plagiat se trouvait questionnée... Chacun ayant sa propre vision, sans pour autant condamner la bonne volonté du dessinateur.
Enfin, une lettre ouverte à destination des dirigeants du groupe Media-participations avait été mise en ligne le 4 mai 2022 et signée aujourd’hui par plus de 1000 personnes. Celle-ci critiquait ouvertement la démarche de l’éditeur de ne pas respecter l’auteur et son œuvre, et lui demandait de respecter la volonté de Franquin qui aurait exprimé publiquement qu’il ne souhaitait pas voir son personnage être repris.
Dernier rebondissement dans cette affaire, c’est la décision de la maison Dupuis de suspendre le lancement de l’album prévu. La procédure en référé semblait sans doute trop aléatoire, un accord aurait été trouvé entre les deux parties, "par souci d’apaisement" nous dit-on chez Dupuis, pour attendre le jugement sur le fond…
Fin de la polémique ? Elle est suspendue à la décision judiciaire qui sera prononcée en septembre 2022.
De Mesmaeker parlait des éditions Dupuis comme une "maison de fous". Cette histoire de contrat-ci, quant à elle, fait un peu moins rire.
(par Thelma SUSBIELLE)
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