C’est avec son complice Zanzim, avec qui il travaillait depuis le début des années 2000, qu’Hubert a fait cet ouvrage où l’on retrouve deux des thèmes privilégiés de son œuvre : la violence dans la relation sociale venue du fond des âges et la sexualité interrogée à travers le prisme du rapport de domination. Cet album, conçu en réaction aux manifestations contre le mariage gay de 2013, est en quelque sorte le testament-BD d’Hubert, récemment disparu.
Nous sommes au moyen-âge. Fille d’une noble lignée, Bianca est en âge de se marier. C’est l’occasion pour sa famille d’entamer des négociations avec le parti de son promis car en ces temps ancestraux, le mariage est avant tout une question d’alliances financières et commerciales. Le fiancé, Giovanni, un jeune homme aux traits agréables, assiste aux négociations sans enthousiasme particulier, alors que Bianca est ravissante.
Parallèlement, la tante de l’héroïne révèle à la jeune femme un secret de famille, un objet magique dissimulé dans une malle : une « peau d’homme » que l’on enfile comme un habit et qui permet de passer d’un sexe à l’autre. En le revêtant, Bianca devient Lorenzo, un ravissant jeune homme qui se lie d’amitié avec son futur mari. Et qui devient bientôt son amant…
Quelques temps plus tard, le mariage est consommé et Bianca est de plus en plus partagée entre un mari qu’elle aime, dont elle connaît les secrets, mais qui ignore qu’elle est Lorenzo, et une relation homosexuelle dissimulée au regard de tous, vécue sous le poids de la culpabilité et de l’hypocrisie.
Ode à l’amour et à la tolérance d’une rare qualité, le conte d’Hubert et Zanzim est une œuvre unique, toute en douceur, qui tranche avec un sujet rarement traité avec une telle élégance. Sans conteste l’un des albums les plus importants de l’année 2020.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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"Peau d’homme" d’Hubert et Zanzim – Collection Millefeuilles – Ed. Glénat – 160 pages, 27€.