Les six mois de prolongation de l’année nationale de la bande dessinée, BD 2020-2021, n’auront pas été vaines. À travers ses 2300 événements, si l’on en croit le communiqué officiel du Ministère de la Culture, la bande dessinée sera parvenue à se faire valoir en tant que support artistique, pédagogique, académique mais aussi patrimoine mondial. La BD française demeure de façon non négligeable l’un des meilleurs ambassadeurs de notre culture et notre langue.
Toujours selon le Ministère de la Culture, si 45 % des événements ont été organisés en bibliothèques et médiathèques, et 22,8 % sous forme d’expositions, il est à noter que les événements numériques se sont largement développés en raison du confinement, et que de nouveaux acteurs (collectivités territoriales, associations, institutions culturelles…) se sont investis dans la bande dessinée.
Encouragée par les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale, et portée par le Centre national du livre et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, cette année aura été envisagée sous six grands angles :
La bande dessinée comme medium populaire, avec le soutien à une quinzaine de festivals locaux, dont Angoulême, Saint-Malo, Lyon, Amiens, Blois, Aix-en-Provence ou Bastia, où s’organisent expos, ateliers et rencontres autour des auteurs de BD et leur travail ;
La bande dessinée comme œuvre artistique, culturelle et patrimoniale, avec la présence de nombreuses expositions prestigieuses : exposition Emmanuel Guibert à l’Académie des Beaux-Arts, exposition Catherine Meurisse à Beaubourg, Picasso et la bande dessinée au Musée Picasso, Largo Winch à la Cité de l’économie, Le Château de Versailles dans la bande dessinée, etc. ;
La bande dessinée comme outil éducatif, avec des résidences d’auteurs de BD en milieu scolaire, afin d’inspirer les jeunes générations, et au cœur des territoires, pour que les artistes s’inspirent du patrimoine pour le faire revivre dans leurs planches ;
La bande dessinée comme objet académique, intellectuel et de recherche, via la tenue de masterclasses, colloques, d’un dictionnaire esthétique et thématique du 9e art : Le Bouquin de la bande dessinée, ou encore une commande nationale d’estampes par le Centre national des arts plastiques à douze artistes divers sensibles à la bande dessinée [1] ;
La bande dessinée comme secteur professionnel : avec l’organisation en distanciel par le Festival d’Angoulême d’un Marché international attirant 2000 participants venus de 35 destinations, et la publication de deux comptes-rendus, « Les Français et la lecture de bande dessinée » et « Panorama de la bande dessinée en France de 2010 à 2020 » (nous en parlerons prochainement) ;
Enfin, la bande dessinée à l’international, soutenue par 85 opérations de promotion de la langue et la culture française, notamment au travers des Instituts français et les Alliances françaises dans le monde, comme le prouvent la « Fête de la BD » (Dubaï), le « Bilili BD » (Congo Brazzaville) ou même l’expo virtuelle « Afropolitan Comics » (Afrique du Sud) ;
Cette année aura donc été très dynamique pour l’ensemble des événements BD qui ont pu se réaliser en dépit de la crise sanitaire.
Citons, parmi les événements les plus importants :
Un cycle de conférences au Collège de France avec Benoît Peeters en octobre 2020, sur Les Génies de la BD, partiellement reprogrammé en 2021, avec Catherine Meurisse (19/10), Emmanuel Guibert (10/11) et Jean-Marc Rochette (24/11) ;
L’organisation de résidences artistiques au sein de quatre monuments nationaux (châteaux La Motte Tilly et Ferney-Voltaire, maison de George Sand, monastère de Saorge et Villa Médicis à Rome) afin d’en promouvoir la richesse ;
La mise en place d’un « plan auteurs » par le biais d’un groupe de travail réunissant différentes collectivités, acteurs institutionnels et culturels, entrepreneurs, tissu associatif, etc. ;
Les ateliers Toute la France dessine conduits par des auteurs de bande dessinée au sein de différentes structures (bibliothèques, médiathèques, centres sociaux, prisons…).
Il faut espérer que toutes ces initiatives dans ces différentes structures se prolongeront au-delà de cette première mobilisation, à l’exemple de ce partenariat entre la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et Vinci Airports, qui organiseront en 2022 l’exposition « La BD s’envole » dans huit aéroports du réseau en France. Cette exposition sera consacrée au thème de l’aviation dans la bande dessinée. Une résidence d’auteurs de bande dessinée devrait également avoir lieu au sein de l’aéroport de Lyon-St-Exupéry pour une durée d’un mois dans le cadre d’un partenariat élargi entre la Cité, le festival Lyon BD et l’Aéroport, afin d’aider à faire redécoller un secteur de l’aviation qui a beaucoup souffert de la pandémie.
Comme on le voit, en dépit des circonstances, le monde de la culture a bien accompagné le soutien à la bande dessinée qui a bien résisté pendant cette période de crise. Mais le soufflé ne risque-t-il pas de retomber après ces deux ans d’effort ? Les (bé)dés sont jeté(e)s !
(par Auxence DELION)
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[1] Stéphane Blanquet, Clément Charbonnier-Bouet, Jérôme Dubois, Philippe Dupuy, Pierre La Police, Camille Lavaud, Gabrielle Manglou, Amandine Meyer, Lisa Mouchet, Saehan Parc, Loulou Picasso, Sammy Stein.
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