Bomba ! : La part de noirceur d’Osamu Tezuka

La carrière du « Dieu des mangas » n’a, évidemment, pas uniquement était faite que de succès. Lorsqu’en 1973 son studio d’animation Mushi Production fait faillite le maître est au plus bas. Il se lance alors dans l’écriture d’une histoire courte très sombre empreinte de vengeance : Bomba !. On y suit Tetsu Omani, un jeune garçon timide au coeur sensible intensément amoureux de sa maitresse d’école Mme Mizushima. Mais le destin et l’attitude du jeune garçon bascule quand il découvre que le professeur et collègue de Mme Mizushima, M. Onikashira lui tourne autour. Submergé par la rage, Tetsu invoque un énigmatique cheval fantôme du nom de Bomba qui s’élance pour terrasser le courtisan.

M. Onikashira n’est alors que le premier sur la longue liste de vengeances de Tetsu mais beaucoup de questions restent en suspens... La première : d’où vient Bomba ?

Le majestueux étalon vengeur surgit des planches dans son immense forme blanche, son aura fantomatique parfaitement dépeinte dans le style atypique de Tezuka nous transporte et nous happe complètement. Ce récit qui a, sans nul doute, inspiré d’autres ressorts de vengeance tels que Death Note, rappelle à quel point Tezuka a infusé dans ce genre d’histoires propres à cette génération. La noirceur de Bomba, caractéristique de sa période "Gekiga", ouvre une nouvelle ligne dans la collection Fugi de l’éditeur français Isan Manga : Osamu Tezuka’s Dark Anthology Collection.

Une anthologie d’histoires courtes parmi les plus sombres écrites par le maitre. Dans ce premier volume, le cheval assassin introduit deux autres histoires : Mélodie de fer et Hallucinations blanches. La premières des deux est aussi une histoire de vengeance : celle d’un jeune homme qui, s’étant fait couper les deux bras par la pègre italienne traque ses ennemis précisément grâce à d’étranges prothèses.

Hallucinations blanches nous plonge dans une histoire, qui, en quelques planches seulement, arrive à nous faire vivre l’angoisse d’un choc post-traumatique en suivant les déboires d’une rescapée de naufrage.

Toutes ces histoires arrivent aujourd’hui en France grâce au travail d’orfèvre du manga des éditions Isan Manga, qui, avec l’aide de Tezuka Production, proposent encore un ouvrage, certes plus cher que la moyenne des mangas, mais d’une grande qualité au format augmenté, une couverture solide, un tranche-fil… Un magnifique bibliophilique à retrouver sur le stand de l’éditeur à Japan Expo.