Né en Argentine en 1942 (il vient d’avoir 80 ans), Jose Muñoz n’a rien perdu de sa vivacité, ni de sa sensibilité exacerbée. Il pense en images, il parle en images, il s’exprime en images, en poète, avec une belle radicalité.
Dans cette vidéo, il raconte comment, enfant, il a le regard enflammé par un dessin de Vincent Van Gogh découvert dans l’encyclopédie familiale. Il y voit le vent, les chevaux, passer dans le dessin. Une révélation. Cet émerveillement-là, il le retrouve en voyant les planches de Hugo Pratt et d’Alberto Breccia qu’il lit dans Misterix, la revue des frères Héctor Germán et Jorge Oesterheld, qui avaient exploré en Argentine les nouvelles frontières de la bande dessinée.
Le jeune Muñoz a 12 ans quand il intègre l’Ecole Panaméricaine d’Art où enseignent Hugo Pratt et Alberto Breccia. Dans la foulée, il devient l’assistant de Francisco Solano López.
Pour trouver du travail, l’Argentine étant un marché trop exigu, avec son ami Oscar Zarate, il quitte le pays de son enfance. Puis vint la dictature argentine et l’assassinat de Héctor Germán Oesterheld par les militaires. Jose Muñoz ne peut plus rentrer au pays.
Il vit entre l’Angleterre, l’Espagne, la France et l’Italie. En Espagne, il croise l’écrivain Carlos Sampayo, un Argentin émigré comme lui, qui devient pour lui une sorte de binôme. En 1975, ils publient en Italie dans Alterlinus leur série Alack Sinner (7 volumes, chez Casterman), reprise par Wolinski dans Charlie Mensuel. En 1978, ils rejoignent Pratt dans (A Suivre).
L’indissociable duo y publie entre autres Sophie (1980), Le Bar à Joe (3 volumes, à partir de 1981), Europe en flammes (1988), Le Poète (1991), Billie Holiday (1993), Le livre (2004), Carlos Gardel (2008), tandis que Muñoz illustre par ailleurs Jérôme Charyn, Daniel Picouly, Ray Collins, Albert Camus, Marco Steiner…
Toujours, ces collaborations, ces rencontres racontent en pleine conscience un monde violent, égoïste, cupide qui écrase sans remords les opprimés. Sa manière est vibrante, tectonique, arpégeant certes les noirs dans un rythme syncopé, mais capable aussi de manier la lumière dans la couleur, comme lorsqu’il dessine les horizons infinis de la Pampa.
Vous pouvez admirer ses planches sur le site de la Galerie Martel, allez-y voir, ce sont des merveilles mais le mieux encore, est de l’écouter.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Kelian NGUYEN)
(par Oussama KARFA)
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