Interviews

Merveilleux Jose Muñoz ! [VIDEO]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) Kelian NGUYEN Oussama KARFA le 14 mars 2023                      Lien  
Nous avons rencontré, grâce à la galerie Martel où il exposait jusqu’au 4 mars dernier, le maître argentin Jose Muñoz, le dessinateur d’Alack Sinner, de Sophie, du Bar à Joe, de Billie Holliday, de Carlos Gardel… et de tant d’autres chefs d’œuvre du 9e Art. Jose Muñoz s’inscrit dans une longue lignée de virtuoses du noir et blanc qui part de Milton Caniff, en passant par Hugo Pratt, Alberto Breccia ou Francisco Solano López. Dans ce document aussi passionnant qu’émouvant, il raconte comment un simple dessin à la plume de Vincent Van Gogh a décidé de sa passion.

Né en Argentine en 1942 (il vient d’avoir 80 ans), Jose Muñoz n’a rien perdu de sa vivacité, ni de sa sensibilité exacerbée. Il pense en images, il parle en images, il s’exprime en images, en poète, avec une belle radicalité.

Dans cette vidéo, il raconte comment, enfant, il a le regard enflammé par un dessin de Vincent Van Gogh découvert dans l’encyclopédie familiale. Il y voit le vent, les chevaux, passer dans le dessin. Une révélation. Cet émerveillement-là, il le retrouve en voyant les planches de Hugo Pratt et d’Alberto Breccia qu’il lit dans Misterix, la revue des frères Héctor Germán et Jorge Oesterheld, qui avaient exploré en Argentine les nouvelles frontières de la bande dessinée.

Le jeune Muñoz a 12 ans quand il intègre l’Ecole Panaméricaine d’Art où enseignent Hugo Pratt et Alberto Breccia. Dans la foulée, il devient l’assistant de Francisco Solano López.

Pour trouver du travail, l’Argentine étant un marché trop exigu, avec son ami Oscar Zarate, il quitte le pays de son enfance. Puis vint la dictature argentine et l’assassinat de Héctor Germán Oesterheld par les militaires. Jose Muñoz ne peut plus rentrer au pays.

Merveilleux Jose Muñoz ! [VIDEO]
Avec Florence Cestac, lors de l’inauguration de l’exposition en mars dernier
Photo : Galerie Martel

Il vit entre l’Angleterre, l’Espagne, la France et l’Italie. En Espagne, il croise l’écrivain Carlos Sampayo, un Argentin émigré comme lui, qui devient pour lui une sorte de binôme. En 1975, ils publient en Italie dans Alterlinus leur série Alack Sinner (7 volumes, chez Casterman), reprise par Wolinski dans Charlie Mensuel. En 1978, ils rejoignent Pratt dans (A Suivre).

L’indissociable duo y publie entre autres Sophie (1980), Le Bar à Joe (3 volumes, à partir de 1981), Europe en flammes (1988), Le Poète (1991), Billie Holiday (1993), Le livre (2004), Carlos Gardel (2008), tandis que Muñoz illustre par ailleurs Jérôme Charyn, Daniel Picouly, Ray Collins, Albert Camus, Marco Steiner

Alack Sinner, Avec Carlos Sampayo

Toujours, ces collaborations, ces rencontres racontent en pleine conscience un monde violent, égoïste, cupide qui écrase sans remords les opprimés. Sa manière est vibrante, tectonique, arpégeant certes les noirs dans un rythme syncopé, mais capable aussi de manier la lumière dans la couleur, comme lorsqu’il dessine les horizons infinis de la Pampa.

Vous pouvez admirer ses planches sur le site de la Galerie Martel, allez-y voir, ce sont des merveilles mais le mieux encore, est de l’écouter.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Kelian NGUYEN)

(par Oussama KARFA)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782203224827

Casterman ✏️ Jose Munoz tout public chronique sociale Polar Argentine
 
Participez à la discussion
3 Messages :
  • Un précurseur
    15 mars 2023 15:06, par lehodey

    Le travail de Muñoz n’est malheureusement pas reconnu à sa juste valeur. Grâce à des magazines aujourd’hui disparus comme le feu "à suivre" de Casterman, ces oeuvres se sont glissé dans l’imaginaire des lecteurs. Son exploitation de l’encre est un achèvement et une prolongation téméraire de ses initiateurs, comme Breccia ou Pratt. D’un abord (peut-être ?) plus difficile, il mérite d’être connu et reconnu. Il est une porte d’entrée essentielle d’un univers plus vaste et d’une grande richesse pour la bande dessinée et l’expression du monde et de la sensibilité, de l’humanité. Bravo et longue vie à lui !

    Répondre à ce message

    • Répondu le 16 mars 2023 à  08:43 :

      Je ne sais pas s’il n’est pas reconnu à sa juste valeur. Il est publié dans plusieurs pays. Son expo à la Galerie a été un succès comme à chaque fois, avec beaucoup d’originaux vendus. Rien qu’en France, il a obtenu le Grand Prix d’Angoulême à une époque où ça signifiait encore quelque chose. C’est un des plus grands de tous les temps, avec Hugo Pratt, Noël Sickles, Milton Caniff et quelques autres.

      Répondre à ce message

      • Répondu par julien le 16 mars 2023 à  15:01 :

        Et c’est un chemin Profondément riche,nourrissier qui s’est prolongé,vit encore,avec Ab’Aigre,Ana Brandoli,Sylvain Victor peut-être,Baru etc,etc...un chemin plus qu’un héritage sans doute où chacune,chacun apporte sa pierre,sa vie,son travail propre loin toute copie et dont Muñoz est un admirable personnage.

        Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD),Kelian NGUYEN,Oussama KARFA  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD