Il faut dire que le défi était de taille, Guillaume Canet s’est attaqué, en premier, à l’écriture d’un scénario original pour un film en images réelles des aventures de nos amis gaulois. Avant lui, seul Alexandre Astier avait été assez fou pour se lancer. Mais uniquement en film animé. En outre, selon ses propres mots, jamais il n’essayerait cette aventure en prise de vues réelles.
La marche était elle trop haute ?
Dans Astérix & Obélix : L’Empire du milieu, nos deux amis gaulois viennent en aide à Graindemaïs, nouveau venu dans la saga et neveu d’Epidemaïs le fameux marchand phénicien. Sous les traits de Jonathan Cohen, cette nouvelle tête blonde (enfin faux blond, puisqu’il essaie de faire croire qu’il est Gaulois, c’est bon pour ses affaires en Chine) fait office de Side-Kick humoristique dans le style caractéristique de l’acteur de La Flamme. Ce commerçant fourbe et lâche s’est entiché de la Princesse de Chine qui demande l’aide du village d’Armorique pour sauver sa mère, l’Impératrice enfermée dans les geôles du perfide Deng Tsin Qin.
Le cœur sur la main, et appuyé par les convictions de Bonemine qui définit, elle-même l’entraide comme étant dans l’âme gauloise, nos héros s’en vont de l’autre côté du monde visiter une contrée jamais explorée par les créations de Goscinny et d’Uderzo.
L’esprit originel bien présent.
Tous les critères d’une bonne aventure d’Astérix sont bien présents. Heureusement pour le réalisateur quand on sait le nombre de doléances qu’avaient reçu les deux auteurs originels quand ils oublièrent un naufrage de pirate ou autres foires d’empoignes au sein du village. Après tout que serait une aventure d’Astérix sans poisson pas frais ?
Toujours dans l’esprit le plus goscinniesque qui soit, cette nouvelle histoire se veut inscrit dans l’aire du temps : mal-bouffe, conseils de bien-être, revendications féministes et autres anachronismes de 2023, s’intègrent à l’histoire avec plus ou moins de subtilité : qui aurait imaginé un jour voir le Grand Jules César se présenter en faisant le signe de Jul ?
Niveau casting, là aussi la production a fait fort. À chaque séquence sa nouvelle apparition surprise, parfois un peu tirées par les tresses. Pour les plus sportifs d’entre vous, vous ne manquerez pas de voir apparaitre à l’écran le grand Zlatan Ibrahimovic. Après celle de la légende française Zinédine Zidane, visible dans Astérix aux Jeux Olympiques, c’est au tour de l’ex star du PSG de faire des siennes. Prêtant ses traits au général romain Antivirus (bien loin de l’antivirus campé par Jean-Paul Rouve dans Astérix Mission Cléopâtre), Zlatan arrive avec la rage d’un lion et l’habilité d’une panthère pour terrasser les royaumes confédérés de Chine.
Assommé par la critique, ce cinquième opus pâtit d’une fluidité perturbée par un trop plein de guest stars. Il souffre aussi d’une sempiternelle comparaison à l’indémodable et inégalable adaptation de la série par Alain Chabat. Il n’en reste pas moins que ce film joue son rôle de divertissement familial du dimanche soir.
Co-production TF1, Canal + et, plus étonnant, Netflix, ce film sort à l’heure où les débats sur la chronologie des médias font rage et que le film sort en salle, il serait intéressant de voir comment et surtout où et sous quelle forme le long métrage vivra sa vie après être passé dans les salles obscures.
Un Carpet Bombing marketing accompagne le film, comme il se doit. Cependant, attention au mauvais goût : dans Astérix, Panoramix pense à rajouter du homard au dernier moment. Ici, pas d’ingrédient-surprise qui relève le goût.
Pour accompagner la sortie en salle, et comme pour le film d’animation Astérix et le Secret de la potion magique, les Éditions Albert René sortent l’album du film magnifiquement illustré par Fabrice Tarrin et réécrit par Olivier Gay. Vous y retrouverez l’intrigue du film sous un autre angle. Une pièce immanquable dans toute bibliothèque d’irréductible fan gaulois.
(par Kelian NGUYEN)
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