Quand un éditeur vous propose de travailler sur un Blake & Mortimer, cela ne se refuse pas. Pas seulement parce que c’est l’opportunité de travailler avec de grands artistes comme Antoine Aubin, Christian Cailleaux et Étienne Schreder, mais parce qu’on doit se confronter à un mythe qui a habité votre enfance.
Ce qui frappe Jean Dufaux dans La Marque jaune, c’est la capacité du dessinateur belge de passer progressivement d’une intrigue classique en extérieur (un vol de bijoux...) à une entrée dans les profondeurs, dans l’intime : le cerveau malade d’un savant fou.
Pour succéder à Edgar P. Jacobs, Dufaux n’a lu aucun de ses successeurs : « Je n’ai pas voulu que quelque chose interfère entre le travail de Jacobs et le mien... », dit-il. Il s’intéresse en particulier au personnage d’Olrik, insuffisamment creusé selon lui : « Je trouvais que le personnage d’Olrik devenait de plus en plus dépassé et de plus en plus conventionnel… » On lui découvre un père attaché au parti nazi anglais. Un développement un peu freiné par l’éditeur, avec regret : « J’ai pu y mettre certaines choses sur Olrik, pas suffisamment… »
« Je reste persuadé qu’il faut décliner les Blake et Mortimer en les assujétissant à leur époque, poursuit Dufaux. Nous ne sommes plus au temps du noir et du blanc. Pourquoi est-ce que le mythe de Batman survit à chaque fois, et se renforce même, c’est parce que de plus en plus Batman, est dans une zone grise entre le bien et le mal. C’est une douleur. C’est cela qui m’intéressait. C’est cet Olrik là que je voulais décrire… »
Pour lui, l’expérience est derrière lui : « Je crois que c’est la première et la dernière fois que je travaillerai sur des personnages qui ne m’appartiennent pas. » Il reste qu’il a eu du plaisir de travailler sur des codes aussi rigides. Son mot d’ordre ? « Bouger les codes tout en les respectant. Tout ce qui est bien établi est facile à bousculer » Le danger en effet est que le public se fatigue d’un usage des codes à répétition.
Il a en tout cas aimé travailler sur un univers qui s’inspire des films américains et anglais des années 1940 et 1950 qu’il connaît par cœur. A-t-on compris sa démarche ? Pas sûr. « Je me suis senti fort seul sur les Blake et Mortimer. Heureusement, les critiques ont su mettre en valeur ce sur quoi j’avais voulu travailler. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : D. Pasamonik(L’Agence BD)