Il y a deux ans, Léonie Bischoff a connu un grand succès de librairie avec sa superbe bande dessinée Anaïs Nin, sur la mer des mensonges (Casterman) qui nous plongeait dans l’ambiance de la banlieue parisienne des années 1930 et surtout dans le quotidien morose de la grande autrice Anaïs Nin. Les États-Unis étaient déjà présents dans cette œuvre car Anaïs Nin était franco-américaine.
Cette fois, Léonie Bischoff s’attaque à la littérature jeunesse et explore plus frontalement les terres américaines. Pour le scénario de La longue marche des dindes, elle a choisi un roman jeunesse paru en 1998 et écrit par une autrice qui a grandi dans une ferme du New Jersey : Kathleen Karr. On ressent d’ailleurs, dans l’album, une véritable authenticité qui vient de cette expérience vécue par l’autrice américaine.
L’histoire est simple, Simon un jeune orphelin qui ne réussit pas très bien à l’école monte un plan très astucieux pour gagner de quoi vivre. Il achète des dindes au rabais dans son petit village pour les revendre 20 fois plus cher à Denver. Pour cela, il doit traverser les États-Unis et affronter tous les dangers de l’époque en compagnie d’un charretier ivrogne, d’un esclave en fuite et d’une jeune fille mystérieuse, sans oublier bien sûr, les mille dindes.
La première chose qui saute aux yeux en ouvrant ce nouvel album, c’est que le dessin est très différent de celui d’Anaïs Nin. On revient à quelque chose de plus classique loin des jeux de couleurs. Pourtant, classique ne veut pas dire moins bon et le trait tout en rondeur et en douceur de La longue marche des dindes sert parfaitement le propos humaniste de la bd et permet même d’atténuer la violence de la société américaine de l’époque. Le découpage est aussi très efficace et donne à l’album un rythme effréné qui ne ralentit que pour nous faire admirer de très belles pleines pages.
L’album a l’intelligence d’évoquer tous les grands thèmes de l’Amérique de l’époque (l’esclavage, le massacre des tribus indiennes, la place des femmes, l’alcoolisme, la violence …) et de les mettre à la portée des enfants. Le récit n’est pas édulcoré et permet aux enfants de saisir l’ampleur de ces thèmes tout en les préservant d’un choc émotionnel trop fort. De plus, l’histoire est empreinte d’une belle morale qui fait refermer l’album avec le sourire.
(par Louis GROULT)
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