Quatre pour tous, tous pour... quatre ! La nouvelle adaptation cinématographique du roman écrit par Alexandre Dumas en 1844 se voit accompagné de trois nouveautés en librairie. Précédé même puisque la BD, le manga et le roman du film sortent le 15 mars quand le film attendra le 5 avril 2023 pour éclairer les salles obscures.
Ce film sombre et très bien rythmé compose un diptyque. Le premier volet suit la jeune tête fougueuse et ambitieuse de D’Artagnan tout droit débarqué de sa Gascogne natale, campé par François Civil. Le second suivra, en décembre, le regard de Milady, en l’occurrence les ravissants yeux verts de la très juste Eva Green. Aidé par un casting cinq étoiles où trône le remarquable roi Louis XIII-Garrel, ce premier opus offre une aventure de capes et d’épée moderne qui garde l’esprit romanesque de XIXe siècle.
L’aspect feuilletonesque du XIXe est aussi présent dans le projet éditorial. Le film n’est qu’en deux épisodes mais la tournure du manga laisse la porte ouverte au développement d’un nouveau shônen survolté à la Française. On y suit un D’Artagnan juvénile monter à la capitale plein de rêves dans la tête...
Bien que le manga suive le fil du scénario du film, il n’en est pas une copie de papier. Les personnages, déjà, n’ont pas les traits des acteurs, D’Artagnan y est bien plus jeune. Utile, si on veut lui assurer de la pérennité.
Nous sommes bien dans un manfra ou un Global Manga dans la pure tradition du manga. Le graphisme maitrisé, acéré et nerveux de Cédric Tchao offre une relecture de l’histoire des férets de la Reine avec des scènes de duel d’un dynamisme ébouriffant. Le scénario est de l’excellent bretteur de mots Néjib, qui connaît son Histoire.
En parallèle, et dans un tout autre registre, le duo Fabrice Erre / Gilles Rochier propose un album de gags « (presque) officiel » au film. Malgré le fait que la version à l’écran ne soit pas dénuée d’humour, le binôme toulousain offre une lecture décapante du roman.
On entre dans les coulisses de la création guidé par Dumas lui-même, on y découvre que Porthos pratique avec un peu trop d’assiduité les arts de la table, sans doute en raison du breuvage qui porte son nom. Enfin, car il faut bien dépoussiérer un roman vieux de 179 ans, Milady troque son charme destructeur contre une défense et illustration de la cause féministe.
Qu’ils soient loufoques dans l’échange ou grands épéistes (« à la fin de l’envoi, je touche… ») les héros d’Alexandre Dumas, qui ont déjà connu maintes métamorphoses, trouvent dans ce projet aux allures de produit dérivé, une manière de se réinventer et de faire découvrir ou redécouvrir ce classique de la littérature française, encore très moderne, à de nouvelles générations.
(par Kelian NGUYEN)
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Les Trois Mousquetaires T. 1 D’Artagnan dans la place - Par Fabrice Erre & Gilles Rochier - Ed. Casterman
Les Trois Mousquetaires T. 1 D’Artagnan - Par Cédric Tchao & Néjib - Ed. Casterman
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