Le top comics 2022 d’ActuaBD

Le choix de Jaime Bonkowski De Passos

Batman : One Dark Knight par Jock

Une course-poursuite effrénée dans une Gotham plus sombre que jamais, un Batman aux abois et une sombre conspiration sur fond de policiers corrompus et de super-vilain manipulé : pour sa première course en, solo sur Batman, Jock a su marquer les esprits.

Il nous a délivré un titre simple et élégant, court, qui se lit d’une traite et se relit avec plaisir plus d’une fois, et qui parlera autant aux grands fans du Chevalier Noir qu’aux nouveaux arrivant dans son univers. Un format plus généreux (28cm par 22cm) que d’habitude, une couverture garnie d’effets de fabrication qui donnent un côté luxe à l’ensemble, et un prix plus qu’abordable (17€) : One Dark Knight coche toutes les cases du cadeau idéal.

Et au delà de ça, il reste un très bon titre sur Batman au dessin audacieux et original et à l’intrigue bien ficelée et prenante.

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Le choix de Romuald Lefebvre

Demon days par Peach Momoko

Durant quelques semaines, j’ai pensé que X-Men : Inferno allait définitivement tenir la corde pour être le Comic que j’ai le plus apprécié en 2022. Les ingrédients sont simples mais d’une efficacité redoutable : les X-Men s’y montrent ostensiblement en bonne forme, l’événement marque la fin du très bon run du talentueux Jonathan Hickman dans cet univers et la mise en avant de personnages que j’apprécie particulièrement comme Mystique ou Emma Frost ne pouvait que me convaincre.

Et puis est arrivé en toute fin d’année Demon Days.

À l’image du Beta Ray Bill de Daniel Warren Johnson à la fin de l’année 2021, l’autrice Peach Momoko m’a collé une belle claque où de sublimes dessins rencontrent une bien jolie histoire. Vous appréciez les personnages de l’univers Marvel et les X-Men en particulier ? Vous appréciez lire des mangas ? Vous êtes à la recherche de planches à la beauté renversante ? Eh bien, si votre réponse est « oui » à l’une de ces trois questions, vous avez de grandes chances d’apprécier cet album ; c’est écrire s’il tape large pour rechercher son public.

Peach Momoko marie à merveille à mes yeux l’univers Marvel à ses inspirations japonaises natales. C’est un plaisir non dissimulé de FanBoy de retrouver l’héritage des récits des années 1980 inspirés par le Japon et signés par Chris Claremont ou Frank Miller sous le jour de récits orchestrés par une autrice nippone. Et quel récit : Demon Days peut facilement faire de l’œil aux lecteurs qui ont apprécié le populaire et plutôt récent manga Demon Slayer. Demon Days ou le produit d’un métissage culturel assumé qui saura faire naître de nombreux sourires sous les sapins !

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Le choix de Guillaume Boutet

Supergirl : Woman of Tomorrow par Tom King & Bilquis Evely

Avec cette mini-série, sortie en album sous forme de récit complet, Tom King et Bilquis Evely signent une pièce maîtresse de la mythologie de Supergirl et de la période actuelle du personnage. Sur fond d’un récit mêlant habilement deuil, vengeance, justice et mythe, cette aventure cosmique nous entraîne dans une traque du mal incarné et une quête a priori impossible : trouver la juste réparation pour une perte irremplaçable.

Une ambiance et des dialogues aussi oniriques que justes, qui développent une sorte de fable, simple mais percutante, dans laquelle une jeune paysanne accompagne la flamboyante Supergirl à travers la galaxie. Chaque étape prend la forme d’une leçon de Supergirl face au mal. Mais loin d’être moralisateur, ce voyage n’apporte aucune réponse définitive : l’interprétation des événements est laissée à la jeune fille, qui suit une Supergirl peu loquace, comme dans tout bon western.

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Le choix de Romain Garnier

Doc Frankenstein : Le Prométhée post-moderne par les soeurs Wachowski, Geof Darrow & Steve Skroce

Les réalisatrices de la saga Matrix ont imaginé un scénario de science-fiction surprenant et passionnant afin de s’approprier le mythe littéraire qu’est le monstre de Frankenstein. Magnifiquement mis en image par Steve Skroce et accompagné par un pilier de Dark Horse Comics, Geof Darrow, le récit porte un sujet désormais classique : revendiquer le droit à la différence face aux intolérants. L’originalité et l’efficacité du scénario reposent sur le questionnement des grands récits collectifs, notamment religieux, qui sont à l’origine de tant de discriminations et de rejets, la « matrice » qui nous influence malgré nous.

Ces textes et croyances, notamment chrétiens, sont interrogés dans le récit avec ridicule et provocation. Une saine démarche dans un monde où l’esprit critique semble débordé de toute part par les fanatiques et leurs moutons. Frankenstein incarne le progressisme recousu, réanimé sans cesse face aux assauts destructeurs des zélotes enragés. Une métaphore d’idées qui ne peuvent mourir. Frankenstein, le Prométhée Post-moderne, un festival visuel au service d’une narration qui laisse autant la place à la l’action jouissive qu’à la réflexion bienvenue. À lire et offrir.

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Le choix de David Sporcq

Vietnam Journal par Don Lomax

Parmi les comics qui nous ont marqués cette année figurent aussi de nombreuses rééditions. Les grands classiques de chez Marvel et DC ont la part belle et soufflent toujours un vent de nostalgie et de (re)découverte. Mais cette année, plus encore, l’éditeur "Délirium" a exhumé un comics exceptionnel et plus abordable aux yeux du lectorat franco-belge en ce sens que cette bande dessinée américaine ne traite pas de fantastique ou de héros aux supers pouvoirs mais de la guerre du Vietnam.

Et cette année, preuve que l’éditeur ne s’est pas trompé, deux titres ont été publiés (les volumes 4 et 5) doublant ainsi le rythme de parutions pour satisfaire l’appétit des fans de cette collection : "Vietnam Journal". Comme son nom l’indique, cette série traite du conflit vietnamien vu par un journaliste. L’auteur Don Lomax ayant été lui-même engagé a été un témoin privilégié de ce passage sombre de l’histoire américaine. Il en résulte une série abondamment documentée (les engins de guerre et tactiques de combat sont décrits en détails) sans délaisser l’essentiel : les sentiments humains au coeur d’une guerre horrible sans précédent (les moyens mis en oeuvre pour annihiler l’ennemi n’avaient encore jamais atteint un tel seuil de sophistication et d’horreur).

Ici, point de super héros américains mais des hommes envoyés en enfer qui tenteront d’en revenir en ayant accompli la mission qui leur aura été donnée. Le ressenti de ces soldats est donc rendu le plus fidèlement possible. Avertissons toutefois le lecteur que certains passages sont durs et pourraient heurter les plus sensibles. Sans tomber dans le voyeurisme morbide qui n’est pas du tout le sujet de ’Vietnam Journal", il en est cependant un reflet sans concession et non édulcoré.

Mention spéciale donc à cette bande dessinée américaine des années 1980 resurgie et traduite en français grâce à l’initiative de Délirum.

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Le choix de Marc Vandermeer

Le Manoir de Chartwell par Glenn Head

Un titre poignant, sans dramatiser ni victimiser l’auteur outre mesure, qui témoigne de l’atrocité vécue par des dizaines d’adolescents démunis face à l’autorité en place dans le pensionnat. Mais aussi, l’existence de ces hommes une fois rendus à la vie adulte. Un véritable parcours du combattant, luttant contre les souvenirs, la honte et la colère. Glenn Head ne cache rien au lecteur, apportant son lot de noirceur rendu encore plus prenant par le graphisme presque caricatural, en noir et blanc. Un contraste tranchant, révélant l’horreur dans sa plus simple expression.

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