Alison Bechdel, nous ne sommes pas étonnés de la voir là. Figure du féminisme étasunien : on lui doit le fameux « test de Bechdel » qui permet d’évaluer la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction, son dernier ouvrage, Le Secret de la Force surhumaine (Denoël Graphic) avait déjà offert la surprise de se trouver nominé au Prix Médicis en septembre dernier : « Une plongée intimiste vers les sommets de la conscience de Bechdel qui nous transporte dans un état quasi contemplatif, et on en ressort avec plein de nouvelles questions, un regard posé sur nous-mêmes, et... une sacrée envie de faire des pompes ! », écrivait Marlène Agius dans nos pages. La pompe angoumoisine ne va donc pas la surprendre. Nous l’avons rencontrée pour vous. Une vidéo dans pas longtemps.
Catherine Meurisse non plus ne nous étonne pas. Elle était dans la « short list » depuis des années et venait de se voir consacrée comme la première autrice de bande dessinée entrée à l’Académie des Beaux-Arts. Une consécration pour une autrice qui fit ses débuts dans Charlie Hebdo et qui bifurqua résolument vers le 9e Art pour nous livrer des petits bijoux de délicatesse comme Mes Hommes de lettre, Le Pont des arts, Moderne Olympia, La Légèreté, chef d’œuvre post-traumatique de l’attentat contre Charlie hebdo, Les Grands Espaces, La Jeune Femme et la mer ou encore récemment Humaine, trop humaine, la plupart édités chez Dargaud. Lors de sa réception à l’Institut de France, elle me glissait, lucide, cette confidence : « - Tout ça, c’est un peu trop, non ? » Eh bien non, apparemment.
Quant à Riad Sattouf, qui est l’un des auteurs les plus marquants de cette génération, il a tout le mérite de se trouver là. Il vient d’achever le cycle de L’Arabe du futur cette année, dans un livre subtil et touchant (nous vous en reparlerons), après un parcours impressionnant à la large palette d’inspiration dans la bande dessinée où il n’y a quasiment rien à jeter : Les Pauvres Aventures de Jérémie, Pipit Farlouse, Pascal Brutal, La Vie secrète des jeunes, Les Cahiers d’Esther, Le Jeune Acteur… Mais aussi dans le cinéma comme réalisateur dans des films comme Les Beaux Gosses (adapté de sa BD Retour au collège) ou Jacky au royaume des filles. Il rencontre bien des sujets contemporains comme le mal-être adolescent, le radicalisme religieux ou encore la question du genre. Il a créé sa propre maison d’édition cette année. On l’a oublié mais c’est un peu lui qui est à l’origine du scandale d’absence de parité des Grands Prix en 2016, refusant d’être nommé en raison de l’absence d’autrices dans la liste.
Trois auteurs qui représentent bien les enjeux du FIBD ces dernières années. Qui sortira du chapeau dans le prochain FIBD ? Réponse le mercredi 25 janvier. Restez connectés sur ActuaBD !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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