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Alison Bechdel, Catherine Meurisse et Riad Sattouf en lice pour le Grand Prix d’Angoulême 2023

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 janvier 2023                      Lien  
Ouf, on reste dans les clous. Les votants du Grand Prix de la Ville d’Angoulême ont sorti trois noms du chapeau : l’Américaine Alison Bechdel et les Français Catherine Meurisse et Riad Sattouf. De grands noms, incontestables, mais qui relanceront comme d’habitude les questionnements sur la légitimité et la sociologie des votants.

Alison Bechdel, nous ne sommes pas étonnés de la voir là. Figure du féminisme étasunien : on lui doit le fameux « test de Bechdel » qui permet d’évaluer la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction, son dernier ouvrage, Le Secret de la Force surhumaine (Denoël Graphic) avait déjà offert la surprise de se trouver nominé au Prix Médicis en septembre dernier : « Une plongée intimiste vers les sommets de la conscience de Bechdel qui nous transporte dans un état quasi contemplatif, et on en ressort avec plein de nouvelles questions, un regard posé sur nous-mêmes, et... une sacrée envie de faire des pompes ! », écrivait Marlène Agius dans nos pages. La pompe angoumoisine ne va donc pas la surprendre. Nous l’avons rencontrée pour vous. Une vidéo dans pas longtemps.

Alison Bechdel, Catherine Meurisse et Riad Sattouf en lice pour le Grand Prix d'Angoulême 2023
Alison Bechdel
Photo : Elena Seibert / Denoël Graphic

Catherine Meurisse non plus ne nous étonne pas. Elle était dans la « short list » depuis des années et venait de se voir consacrée comme la première autrice de bande dessinée entrée à l’Académie des Beaux-Arts. Une consécration pour une autrice qui fit ses débuts dans Charlie Hebdo et qui bifurqua résolument vers le 9e Art pour nous livrer des petits bijoux de délicatesse comme Mes Hommes de lettre, Le Pont des arts, Moderne Olympia, La Légèreté, chef d’œuvre post-traumatique de l’attentat contre Charlie hebdo, Les Grands Espaces, La Jeune Femme et la mer ou encore récemment Humaine, trop humaine, la plupart édités chez Dargaud. Lors de sa réception à l’Institut de France, elle me glissait, lucide, cette confidence : « - Tout ça, c’est un peu trop, non ? » Eh bien non, apparemment.

Catherine Meurisse
Photo : Dargaud Rita Scaglia

Quant à Riad Sattouf, qui est l’un des auteurs les plus marquants de cette génération, il a tout le mérite de se trouver là. Il vient d’achever le cycle de L’Arabe du futur cette année, dans un livre subtil et touchant (nous vous en reparlerons), après un parcours impressionnant à la large palette d’inspiration dans la bande dessinée où il n’y a quasiment rien à jeter : Les Pauvres Aventures de Jérémie, Pipit Farlouse, Pascal Brutal, La Vie secrète des jeunes, Les Cahiers d’Esther, Le Jeune Acteur… Mais aussi dans le cinéma comme réalisateur dans des films comme Les Beaux Gosses (adapté de sa BD Retour au collège) ou Jacky au royaume des filles. Il rencontre bien des sujets contemporains comme le mal-être adolescent, le radicalisme religieux ou encore la question du genre. Il a créé sa propre maison d’édition cette année. On l’a oublié mais c’est un peu lui qui est à l’origine du scandale d’absence de parité des Grands Prix en 2016, refusant d’être nommé en raison de l’absence d’autrices dans la liste.

Trois auteurs qui représentent bien les enjeux du FIBD ces dernières années. Qui sortira du chapeau dans le prochain FIBD ? Réponse le mercredi 25 janvier. Restez connectés sur ActuaBD !

Riad Sattouf
Photo : Marie Rouge Allary Edition

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Dargaud Denoël Graphic Allary Angoulême 2023 🏆 Grand Prix du FIBD d’Angoulême
 
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31 Messages :
  • En plus riad Sattouf a déjà pris de l’avance, il a dessiné l’affiche de cette année 2023. Qui de plus légitime donc ?

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  14:09 :

      C’est vrai que c’est commode, il a dessiné son affiche avant même le résultat de l’élection.

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  • Deux femmes et un homme, quelle honte, elle est où la parité ? Je suis ironique, le talent et le sexe, ça n’a rien à voir, sauf pour certaines. Ce qui est par contre plus étrange c’est qu’après la discorde du mois de décembre, les positions de tranchées dans le milieu BD depuis des semaines, les appels à voter pour untel ou une telle, comme par magie, tout rentre dans l’ordre et les trois élus sont pile poil dans le moule de la ligne éditoriale du festival, pas de remous, pas de scandales, tout est soigneusement rangé, la pompeuserie peut continuer comme si de rien n’était. Ce qui est maintenant absolument certain, c’est qu’on ne nous prend pas du tout pour des imbéciles. Personnellement, je ne voterai plus. Inutile, les dès sont pipés, les résultats sont là pour confirmer mes dires, et si on me traite de complotiste, et bien alors que l’huissier communique les résultats détaillés des votes. Dans le cas contraire, ça montrera toute l’opacité d’un soi-disant vote démocratique qui, s’il n’est pas communiqué, ne vaut pas mieux que les résultats truqués des élections russes.

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  • Une fois de plus, ce qu’on aimerait avoir, ce sont les résultats du scrutin.
    - Combien de votants ?
    - Combien de suffrages exprimés ?
    - Nombres de noms d’auteurs cités ?
    - Liste de tous les noms ayant reçu (par exemple) au moins 20 suffrages.
    - Nombre de ces suffrages.

    Bref, les résultats d’une élection démocratique.
    Il parait que l’élection est supervisée par un huissier ? Dans ce cas les résultats doivent être consultables Non ?

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  12:40 :

      Ce qui serait intéressant de savoir c’est aussi qui sont les votants. Sont-ce vraiment des auteurs/autrices de BD, ou y-a-t-il aussi des éditeurs, directeurs artistiques, libraires, traducteurs, journalistes, organismes de gestion et tout cet aréopage qui gravite autour de la BD sans en faire, mais qui se croit autorisé à parler au nom des auteurs/autrices.

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  • "Trois auteurs qui représentent bien les enjeux du FIBD ces dernières années."

    Les votes des auteurs correspondraient exactement aux enjeux du FIBD. Étonnant, non ?

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  14:12 :

      Après des années de polémiques, pantalonnades et manipulations opaques, ce festival est pour le moment discrédité, démonétisé, ringardisé et même déserté par le public. Saint-Malo et Blois, pour ne citer qu’eux, représentent bien mieux la bande dessinée, son art et son industrie.

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  14:27 :

      Et pas du tout prévisible. Ca ne sent pas du tout le résultat tendancieux à cacher sous le tapis.

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  16:05 :

      Ça manque de grands ou grandes dessinateurs ou dessinatrices, hein ? Mais il est vrai que le dessin et la bande dessinée sont deux choses différentes.

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      • Répondu le 11 janvier 2023 à  17:04 :

        Le discours qu’on nous sert depuis le début des années 30 ans : c’est l’histoire qui compte pas le dessin. Je veux bien mais bon, pourquoi quand même dessiner et ne pas se contenter d’écrire ou de parler ?
        Le dessin vite fait voire bâclé est presque devenu un diktat pour faire de la vraie bande dessinée et à mort le dessin virtuose. Beurk les excellents dessinateurs.
        Quelle époque de tartuffes !

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        • Répondu par ouioui le 13 janvier 2023 à  11:14 :

          "Le discours qu’on nous sert depuis le début des années 30 ans : c’est l’histoire qui compte pas le dessin."

          euh, non, c’est le contraire !

          Il n’y a jamais eu de scénariste Grand Prix d’Angoulème ! Le message qu’on fait passer depuis 30 ans, c’est "le scénariste n’est pour rien dans le succès d’une BD" !

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          • Répondu par Jacques le 13 janvier 2023 à  16:54 :

            Il n’y a jamais eu de scénariste Grand Prix d’Angoulème !

            Il n’y a eu quasiment que ça depuis le début, tous les GP sont aussi scénaristes (même François Schuiten a fait du scénario il me semble). Et même si vous ne comptez que ceux qui ont écrit des scénarios pour d’autres dessinateurs il y en a au moins 14.

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  • Retrouver Bechdel ici est hautement politique, vu qu’elle n’est connue que pour le test qui porte son nom et non pour ses livres, c’est une figure féministe très actuelle, en ce sens elle mérite largement d’être nommée Grand Prix de la Bande Dessinée d’Angoulême.

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  • Ces trois auteurs sont essentiellement connus pour de l’autobiographie et un dessin bien peu réaliste.
    Il n’y a plus de place pour la fiction et le beau dessin à Angoulême ? Raconter une histoire imaginaire, c’est pas assez "adulte" pour le festival de la BD ? On doit se rapprocher du dessin de presse pour intéresser la presse ?

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  19:29 :

      ah bon le beau dessin c’est un dessin réaliste ? je savais pas. Y a pas autant de virtuosité et de beauté dans le trait dépouillé de Sempé qui arrive en 2 traits à faire comprendre un scénario que dans celui de Marini ? Il faut absolument que le dessin ressemble à la réalité pour qu’il soit bon (?)

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      • Répondu le 11 janvier 2023 à  21:04 :

        Ben non en l’occurrence, Sempé est un meilleur dessinateur que Marini, ça ne fait aucun doute. Le problème c’est qu’aucun des trois nommés n’arrive à la cheville d’un Sempé, d’un Schulz ou d’un Watterson. Il y a un recul du niveau en dessin qui est général, que ce soit en réalisme ou autre, et ça concerne aussi bien la BD que le comics, le fumetti ou le manga. C’est planétaire. Le dessin reviendra mais pour l’instant, ce n’est plus son heure.

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  • Les oubliés : BINET et EDIKA , JOE QUESADA ... entre autre JILL THOMPSON chez les femmes (elle a dessiné avec Chuk Jones , les cartoons de la Warner ! ) Stop au Grand Prix ! Relançons avec un HALL OF FAME !
    _

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    • Répondu le 11 janvier 2023 à  17:01 :

      (elle a dessiné avec Chuk Jones , les cartoons de la Warner ! )

      C’est pas de la bande dessinée du coup mais du dessin animé.

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  • Cette élection est une farce !
    Sur Facebook, Frédéric Hojlo, rédacteur d’ActuaBD branché indé se vante de ses votes. A quel titre vote-t-il ? Est-il auteur ? Non. Est-ce que tous les contributeurs bénévoles d’ActuaBD peuvent ainsi voter ?
    Bien des auteurs ne reçoivent pas les codes leur permettant de participer à l’élection. Par exemple Jean-Marc Rochette, un auteur majeur à la carrière longue et variée, ou encore Jean-Paul Jennequin, auteur, traducteur et spécialiste reconnu de la BD. Ils s’en ouvrent sur Facebook.
    Oui, cette élection du Grand Prix n’est qu’une farce !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 janvier 2023 à  10:16 :

      Le règlement du FIBD dit ceci : " "Qui vote ? L’article 4 le définit : des auteurs désignés par des éditeurs, que ce soient des entreprises, des auto-éditeurs ou des associations plus des auteurs qui auraient été ignorés par les éditeurs et qui en auraient fait la demande expresse aux organisateurs du festival. " Frédéric Hojlo est auteur, coopté par son éditeur. Je le suis aussi. Voyez votre éditeur. Après, votre opinion vous appartient.

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      • Répondu par Sophie Rivière le 13 janvier 2023 à  14:57 :

        Art. 4 - Composition du collège des votants
        Pour être admis à voter pour l’élection du nouveau « Grand Prix » il faut d’une part être un auteur/ autrice de bande dessinée, quelle que soit leur nationalité, mais dont les œuvres ont été traduites en français ou sont diffusées dans l’espace francophone, et qu’ils/elles soient publié.e.s par des sociétés d’édition ou pas (autoédition, édition à compte d’auteur, édition par une association).

        "un auteur/ autrice de bande dessinée"...

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 janvier 2023 à  15:25 :

          Il ne vous reste plus qu’à porter plainte et à prouver votre qualité d’autrice et un éditeur qui veuille bien vous inscrire. Le règlement vous permet d’ailleurs de demander directement votre inscription si votre éditeur n’a pas eu cette diligence. En ce qui me concerne, je n’ai pas eu à le faire.

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  • Pure coincidence sans doute que quelques semaines après la polémique sur l’exposition Vivès, les trois auteurs•autrices en lice ont tous une position féministe

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    • Répondu le 13 janvier 2023 à  23:09 :

      Vous connaissez beaucoup d’auteurs qui affichent des positions antiféministes ?

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  • "De grands noms, incontestables, mais qui relanceront comme d’habitude les questionnements sur la légitimité et la sociologie des votants." Oui, mais déjà si on pouvait connaître les résultats détaillés des votes, ça aiderait.

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  • Quand un palmarès de prix fini par briller bien plus par ceux qui ne l’ont pas eu que par ses lauréats, on se dit qu’on n’est pas loin de la bascule...

    Le manque de culture BD devient criant...

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  • Oh la la vous êtes bien triste tous les rageux !
    Gna gna gna c’était mieux avant, gna gna gna les woke ont prit le pouvoir, gna gna gna on peut plus rien dire...
    Vous avez vraiment l’air de vieux gars réactionnaires incapable d’être curieux et pétrifiés au moindre changement de vent !

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    • Répondu le 13 janvier 2023 à  12:55 :

      Ce n’est pas être réactionnaire que de s’interroger sur la validité d’un scrutin.

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      • Répondu par Laurent M. le 13 janvier 2023 à  13:39 :

        Si le résultat du vote vous convenait, vous vous moqueriez du mode de scrutin…

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        • Répondu le 13 janvier 2023 à  16:19 :

          Ben non, je suis attaché à la démocratie. Par ailleurs, le résultat me convient : il semble seulement trop beau pour être vrai. Depuis 2016 et le scandale de l’absence des femmes, il y a systématiquement une majorité de femmes en finale. Je le répète : ça semble trop beau pour être vrai.

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