Bilan et vœux de l’équipe d’ActuaBD (2/2)

Nicolas Anspach : quinze ans, ce n’est pas rien !

La fin de l’année 2010 s’est terminée sur une grande satisfaction et une légère amertume. La rédaction d’Actuabd.com a signé plus de 300 articles de fond sur l’actualité du monde de la BD, près de 200 interviews d’auteurs, 600 chroniques d’albums franco-belges, de mangas ou de comics. … Sans compter les brèves. C’est à la fois beaucoup, et … peu, compte tenu du nombre de livres publiés. Heureusement, grâce à l’éclectisme des goûts des rédacteurs, tous bénévoles, nous abordons tous les genres, désirant que les sujets traités soient représentatifs de la diversité du monde de la BD.

Actuabd.com, c’est aussi une formidable aventure éditoriale initiée par Patrick Pinchart en 1996. Un site qu’il a réalisé initialement en solitaire, avant l’arrivée de Didier Pasamonik et la mienne en 2003. Cela fait donc quinze ans que ce site leader dans l’information sur la BD francophone existe, mais pour des raisons personnelles ou professionnelles, certains collaborateurs ont été contraints d’arrêter leur collaboration. Si Actuabd.com est devenu comme on nous qualifie parfois de façon trop flatteuse pour être vraie, d’« AFP de la bande dessinée », c’est aussi grâce à eux. Je tiens donc à saluer tout particulièrement Patrick Pinchart, François Peneaud, JLM, ou encore Erik Kempinaire. Ces dernières années, de nombreux rédacteurs ont rejoint l’équipe et sont devenus des maillons essentiels de la mécanique. Tous sont animés par une envie de partager leurs découvertes avec vous et ce, en temps réel.

Sur un plan personnel, mon année 2010 a été marquée par ma rencontre avec Jirô Taniguchi et Sam Garbarski qui a si bien adapté le manga Quartier Lointain au cinéma. Face à eux, je ressentais à nouveau le stress du journaliste débutant. Il y a aussi la joie de voir l’Académie des Grands Prix de la Ville d’Angoulême élire Baru comme président 2011. Mais aussi la découverte d’auteurs qui recèlaient une richesse pour moi inattendue : François Dermaut, Daniel Kox, Jean Mulatier et Sergio Salma, par exemple.

Et puis, il y a la tristesse voir partir Tibet, André Geerts ou encore Antonio Parras, des figures attachantes du monde de la BD que j’aimais rencontrer lors des différents événements.

Nous espérons partager avec vous l’actualité de 2011, avec la même joie et le même professionnalisme.

Laurent Boileau – Éloigné, le temps d’un film

En 2010, ma contribution à Actuabd a été faible : seulement une quarantaine d’articles... La réalisation du film Approved for Adoption m’accapare trop pour que je puisse faire plus. Et 2011 risque de ne pas être plus brillant. Heureusement, de nouvelles plumes ont fait brillamment leur apparition sur le site, permettant ainsi de vous offrir au quotidien un maximum d’informations et de critiques d’albums. Malgré mes occupations cinématographiques, je n’abandonne pas pour autant la lecture de bandes dessinées et j’espère bien être de nouveau actif sur le site au plus vite !

Nicolas Depraeter - Comics et adaptation

De 2010, je retiendrais d’une part ma première visite au festival d’Angoulême, des auteurs par centaines, une foule bravant le froid, et des discussions diverses sur le monde de la BD tout le week-end. L’occasion pour moi de découvrir de nombreux auteurs, mais aussi les figures cachées du métier : éditeurs, imprimeurs, etc...

J’ai ainsi eu l’occasion de participer à l’émission "spéciale Angoulême" du Supplément Week-End, et voir ainsi le Conseil Général des Jeunes de Charente remettre leur prix à Enrique Fernandez pour son livre L’île sans sourire.
Promouvoir le monde de la bande dessinée chez les jeunes est a mes yeux important, car c’est un média trop souvent associé aux enfants et qui peut pourtant développer des thèmes matures grâce à des récits abordables. Nul doute que le prix 2011 sera lui aussi décerné à un auteur méritant par des jeunes qui souhaitent apporter à la bande dessinée les lettres de noblesse qu’elle mérite.

Dans le même ordre d’idée, je pense à la place importante que prends depuis quelques années l’adaptation cinématographique de bande dessinée. Entre Quartier Lointain, Blueberry, Michel Vaillant, Iron Man et la myriade de films Marvel annoncées pour 2011, les adaptations se démocratisent et certaines atteignent un nombre d’entrées impressionnant. Même si toutes ces adaptations ne sont pas toujours du meilleur goût pour ceux qui connaissent l’histoire en bulles : je pense notamment aux images du film "The Smurfs" qui à, mon humble avis, contrarieraient Peyo.

La BD donc sort de son cadre papier et atteint un public hétérogène qui s’essaiera peut-être par la suite à la lecture de ces œuvres. C’est d’ailleurs mon cas cette année avec ma mise à la page sur la question des comics. Si les fascicules ne sont pas ma tasse de thé, la découverte de séries telles que The Boys, 100 Bullets, ou encore Civil War m’ont donné le goût de l’univers BD de nos camarades d’outre-Atlantique.

Mes bonnes résolutions pour 2011 sont de reprendre un rythme régulier de publication et de découvrir de nouveaux récits captivants.

David Taugis - 2010, une année de contrastes, encore et toujours

D’un côté, la grosse artillerie des méga-vendeurs à la Largo Winch, de l’autre les petits éditeurs qui font éclore des talents…

D’où la nécessité absolue d’avoir à la fois un vrai réseau de libraires BD, prêts à défendre les jeunes auteurs, à mettre en valeur des indépendants. Nécessité aussi de compter sur des sites comme le nôtre – ô immodestie suprême - qui évoquent tous les genres, pour tous les publics, et de la plupart des éditeurs.
Regardez bien sur la toile : combien en connaissez-vous, des webzines BD qui donnent VRAIMENT un avis sur les albums qui sortent ?

À lire les réactions en chaine dans notre bouillonnant forum, ces choix vous touchent, vous stimulent. Toute notre motivation est là. Intacte.

Thierry Lemaire – Frilosité et inventivité selon les supports

Une année 2010 riche en initiatives (pas forcément en nombre, mais en qualité). Curieusement, la frilosité a prévalu du côté de la bande dessinée numérique. Ne parlons pas ici du marché de la BD dématérialisée qui peine à trouver son modèle économique, mais plutôt de projets lancés par de toutes petites structures. On aurait pu s’attendre à un déferlement de telles initiatives en regard du faible coût de production et de publication, et de la liberté éditoriale. Il n’en a rien été.

Toutefois, les quelques téméraires qui ont défié la sacro-sainte gratuité du Net ont fait un travail remarquable. Citons en premier Les autres gens, la bédénovela scénarisée par Thomas Cadène qui allie le succès critique à celui du public. Et continuons avec les productions de Caramba ! Publishing, BDnum, et No Pixel Included. Un mot enfin sur 8comix, mais un mot seulement car l’aventure démarre en janvier 2011.

La surprise est inverse en ce qui concerne l’édition papier. On aurait pu penser que le nombre des éditeurs, l’embouteillage des sorties et les rumeurs de crise imminente, récurrentes depuis des années, auraient découragé les prétendants.

Finalement, avec la montée en puissance de Manolosanctis et de Sandawe, et les premières publications des éditions Même Pas Mal (nous en reparlerons en début d’année), de nouveaux acteurs innovants et de taille « modeste » sont apparus. Et puis comment ne pas terminer cette énumération sans parler de Pierre Maurel, rayon de soleil de l’année 2010 avec son feuilleton autoédité Blackbird.

Même si les initiatives ne sont pas pléthoriques, elles montrent que la bande dessinée reste un médium dynamique et attractif. Souhaitons que 2011 nous réserve d’aussi belles découvertes.

Charles-Louis Detournay – Sur le terrain

Personnellement, mon année 2010 a été très … compliquée. J’étais donc heureux de pouvoir m’investir plus intensément dans ActuaBD, et vous livrer grosso modo un article ou une brève par jour tout au long de l’année.

J’ai continué à privilégier l’éclectisme en traitant des poids lourds de l’édition, mais aussi de plus petites maisons et de la presse. J’ai aussi voulu me concentrer sur divers dossiers, telle que l’adaptation sous toutes ses coutures en rencontrant Luc Besson, Marc Levy et bien d’autres. J’ai également voulu favoriser le contact direct avec l’auteur (près de cent cette année) afin de vous faire profiter d’une information au plus proche de la source.

C’est ainsi que j’ai voulu attirer votre attention sur des scénaristes en pleine progression, comme Alcante, Fabien Nury ou Thierry Gloris, ou aller chercher quelques réponses sur des albums mystérieux mais qui méritent le détour. Bien entendu, cela ne m’empêche pas de continuer à explorer les incontournables que sont Jodorowsky, Jean Giraud – Moebius ou encore Hugo Pratt et Hermann, ainsi que de sacrés personnages comme les Bidochon ou Lanfeust.

Si mon objectif est donc d’apporter au lecteur que vous êtes, informations et analyses sur le marché de la bande dessinée et de ses sorties, je pense qu’ActuaBD est également un média particulier grâce à sa relation avec ses auteurs. À mon humble niveau, je tente donc de participer à la réflexion constante concernant leur place, ainsi que leurs droits.

Cette année, j’ai donc été particulièrement sensible au problème des droits de succession qui touchent les auteurs reconnus et la dissémination des œuvres originales que cela peut engendrer. Cette problématique est bien entendu liée à l’explosion du marché de l’art en bande dessinée, une excellente chose car elle prouve l’intérêt du grand public pour le genre, mais qui engendre ces quelques dérives, telle la vente des dédicaces. Ce dossier a d’ailleurs recueilli votre attention, ainsi que celui sur la présence et le défraiement des auteurs en festivals.

À l’approche d’Angoulême, je demeure attentif aux soubresauts du marché, qui louvoie entre une montée des rééditions et des titres étrangers et une présence importante de nouveautés, entre diversité et innovation, mais qui peine à mettre en évidence ses attraits en raison de l’avalanche de nouveautés. J’espère donc que nous allons encore œuvrer cette année pour vous faire également découvrir les plus méritoires.