BD d’Asie 2021 : les tops de la rédaction d’ActuaBD

Le Top 10 (sans ordre) de Guillaume Boutet

 Les Carnets de l’apothicaire (Ki-oon)
 Comet Girl (Casterman)
 Don’t Call It Mystery (Noeve Grafx)
 En scène ! (Kurokawa)
 Iruma à l’école des démons (nobi nobi !)
 Lupin III Anthology (Kana)
 Mushoku Tensei (Doki Doki)
 Orient - Samurai Quest (Pika Edition)
 Trait pour trait (Akata)
 Tower of God (Ototo)

Une année encore une fois très forte pour le manga au niveau des ventes et qui a vu arriver de très nombreuses nouveautés, comme tous les ans, sommes-nous tentés de dire. Parmi elles, cinq ont plus particulièrement retenu notre attention, parfois par leur originalité, mais surtout par leur liberté de ton et une justesse indéniable.

C’est ainsi que Les Carnets de l’apothicaire nous ont entraînés dans le harem impérial et les quartiers des plaisirs d’une Chine médiévale réimaginée. Sans jugement moral, son récit s’intéresse à la sophistication des rapports sociaux, faite de joie et de malheur, et à des énigmes policières bien ficelées.

Du côté de Comet Girls, son auteure a renoué avec la narration et le graphisme des aventures cosmiques des années 1980, nous offrant un résultat aussi flamboyant que trépidant. Cette année fut également marquée par le retour de la grande Yumi Tamura, bardée de prix au Japon mais considérée comme « invendable » en France. Avec Don’t Call It Mystery elle s’essaye au récit policier et psychologique avec son humanisme, son mordant si typique et ses dialogues perçants et incisifs.

Voir débarquer dans nos librairies Lupin the Third Anthology, et de ce fait pour la première fois en France les héros de Monkey Punch, a relevé d’un événement majeur. L’occasion parfaite pour se plonger dans l’univers loufoque et iconoclaste d’un auteur qui a marqué de nombreuses générations au Japon. Une autre arrivée d’importance, mais d’un âge moins vénérable, quoique, fut celle de Tower of God, cet étrange et mystérieux webtoon coréen qui fascine les plateformes numériques depuis plus de dix ans.

Du côté des séries en cours, rendons hommage au travail soigné et régulier de Cuvie sur En scène ! qui nous fait vivre de façon passionnée et rigoureuse le long apprentissage de ces jeunes ballerines, où l’effort et le rêve se mêlent de belle façon.

Dans un registre plus classique, Iruma à l’école des démons s’est imposé en une dizaine de tomes comme la référence actuelle de la comédie d’action, grâce ses personnages attachants et son propos simple mais malin. Mais n’oublions pas non plus Orient, plus dramatique et aventureux, qui revisite là aussi avec ingéniosité les grands récits de camaraderie et de collaboration d’alliés face à des menaces plus grandes qu’eux.

Mushoku Tensei continue d’être cet objet étrange de l’Heroic Fantasy et de l’isekai, mais indéniablement fascinant, dont la popularité s’est considérablement accrue cette année grâce à son adaptation en animé. Du côté du manga, nous avons continué de suivre l’adolescence de Rudeus à l’Université magique de Ranoa où il a considérablement élargi son cercle d’amis.

Enfin, Akiko Higashimura nous a subjugués avec son autobiographie, Trait pour trait, tendre et féroce : très critique envers celle qu’elle était étant jeune, se rêvant auteure à succès sans effort (parce qu’elle est une génie) et humblement reconnaissante envers son tyrannique, mais passionné, professeur de dessin.

Le Top 5 de Marc Vandermeer

1. The Fable (Pika Edition)
2. Gannibal (Meian)
3. 17 ans, Une chronique du mal (Naban)
4. Pour le pire (Glénat)
5. La Déchéance d’un homme (Delcourt/Tonkam)

Commençons ce tour d’horizon avec sans nul doute le polar-événement de cette année 2021 : The Fable, signé Katsuhisa Minami. Avouons-le, le premier tome nous a scotché et bien qu’à ce jour la saga ne compte que cinq opus, nous ne pouvons qu’admirer l’ingéniosité subtile autour de ce tueur peu commun, qui a le don non seulement de nous faire rire mais de nous surprendre à chaque tournant. The Fable condense tous les ingrédients nécessaires pour se placer légitimement parmi les meilleurs Seinen du genre.

Toujours au rayon des polars mais dans un autre registre, nous poursuivons avec grand intérêt Gannibal où un policier et sa famille se retrouvent confrontés à une sombre histoire de cannibalisme sur des enfants, dans un village de montagnes reculées. Mêlant adroitement thriller et mœurs d’une communauté en marge de la société, cette intrigue morbide mais prenante tétanise le spectateur, notamment par une patte graphique prodigieuse de la part de Masaaki Ninomiya.

L’horreur continue, ensuite, avec 17 ans, Une Chronique du mal de Seiji Fuji au scénario et Kamata Yôji pour le graphisme. Ensemble, le duo d’auteurs revisite un des plus macabres faits divers du Japon : l’histoire tragique d’une adolescente enlevée, séquestrée, battue et violée à de multiples reprises par des jeunes hommes de son âge. Ils iront jusqu’à la tuer et cacher son corps afin d’éviter la prison…

Et en parlant de prison, dans un style beaucoup plus léger bien qu’une surprise des plus glauques est toujours à craindre avec Taro Nogizaka : Pour le pire. Un inspecteur social dans le droit des enfants se retrouve étrangement uni par les liens sacrés du mariage avec une meurtrière qui a fait les gros titres des journaux ! Alors qu’il va lui rendre visite pour répondre aux attentes d’un de ses jeunes clients, il finit par pactiser avec la jeune femme en échange de réponses sur ses crimes…

Et enfin, pour clôturer ce panel particulièrement compétitif et sordide, citons le titre qui pourrait amplement rafler la palme d’or : La Déchéance d’un homme de Junji Itô qui retrace le parcours chaotique d’un jeune homme sombrant graduellement vers l’alcoolisme et la débauche, au travers d’une perversion métaphorique de l’âme humaine. Un Must Have surtout lorsqu’on connaît la marque de fabrique de l’auteur, apte à sublimer chaque planche et à transmettre des émotions parfois fort blessantes mais parfaitement calibrées. Une œuvre poétique, dramatique, qui risque de vous toucher au plus profond de votre être.

Le top 4 de Jaime Bonkowski De Passos

1. La Plus belle couleur du monde (Glénat)
2. La Déchéance d’un homme (Delcourt/Tonkam)
3. Mermaid Saga (Glénat)
4. Les Carnets de l’Apothicaire (Ki-oon)

Difficile d’établie un top dans l’avalanche de bons titres qui a déferlé dans nos librairies en 2021 ! Et finalement, c’est la variété des tons et des genres, et même des horizons qui prime dans ma sélection : de la tranche de vie, de la baston, du glauque, de l’historique... Il y en a pour tous les goûts.

Déjà cité dans d’autres tops tant la série a été remarquée, Les Carnets de l’Apothicaire séduit par son esthétique mignonne et crue, et son intrigue captivante entre récit historique et enquête. On attendait la série de longue date, et on n’a pas été déçu.

Dans la même veine, Mermaid Saga a su nous conquérir, et s’il ne s’agit pas au sens strict d’une nouveauté (la série a été publiée entre 1984 et 1994), la réédition proposée cette année par Glénat réactualise un titre qui mérite amplement son statut d’œuvre culte.

La Déchéance d’un homme ensuite, là encore un titre qu’on croise assez souvent dans les tops de fin d’année : la pépite de Junji Ito a fait parler d’elle. Attention toutefois, cette lecture fout le cafard...

Et enfin, mon titre favori de l’année, celui que je relis encore avec passion tous les mois : La Plus belle couleur du Monde de Golo Zhao. Magnifique fable sur l’enfance, l’amour et l’amitié, dessinée par un authentique génie de l’aquarelle : si vous êtes en panne d’inspiration pour les cadeaux de Noël, ce magnifique volume s’impose de lui-même. Succès garanti !

Le Top 5 Webtoon d’Auxence Delion

1) Hellbound (Kbooks)
1) J’ai élevé une bête (Webtoon Naver)
3) Ombres et Lumières (Delitoon)
4) The Devil’s Child (Izneo)
5) A Tender Heart (Verytoon)

Maintenant plus que jamais, le webtoon déferle au-dessus de nos têtes avec un choix particulièrement abondant. Entre le géant coréen Naver et les plateformes françaises (Izneo, Delitoon...), Webtoon Factory étant même spécialisé dans les créations francophones, que choisir et où aller pour trouver votre prochaine lecture addictive ?

Voici donc un petit florilège de séries à sensation dans tous les styles existants, qu’il s’agisse de comédie (The Devil’s Child), de Fantasy (J’ai élevé une bête, Ombres et Lumières, A Tender Heart) ou de récits modernes et sombres (Hellbound).