Mythes et meufs T. 2 - Par Blanche Sabbah - Ed. Dargaud

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Le saviez-vous ? On a d'abord prêté l'écriture du journal d’Anne Frank à son père tant la maturité de l’adolescente a surpris les lecteurs de l’époque. Avant d’être un champ de bataille Sainte Soline, était une martyre chrétienne contrainte à l’exode pour fuir le mariage forcé. Autant de nouvelles lumières offertes par Blanche Sabbah dans un deuxième tome de Mythes et meufs plus engagé et impactant.

Connu initialement pour son compte @Lanuitremueparis, devenu culte sur Instagram, Blanche Sabbah délaisse cette fois encore le réseau social pour le format papier. L’illustratrice féministe revient chez Dargaud avec Mythes meuf 2 et signe une nouvelle série de 21 profils féminins. Le tome est une fois encore édité dans la collection Mâtin dans le prolongement de sa contribution à la revue digitale de l’éditeur @Matin_queljournal.

Mythes et meufs T. 2 - Par Blanche Sabbah - Ed. Dargaud

Pour ceux qui découvriraient tout juste notre autrice, le concept de Mythes et meufs est simple : présenter une femme sur une page double de strips. En marchant dans les pas des Culottées de Pénélope Bagieu, l’une de ses principales inspirations, Sabbah nous fait ainsi découvrir sous un jour nouveau des profils féminins réels ou imaginaires glorifiés ou controversés.

Mythes et Meufs, c’est avant tout une œuvre riche de connaissances. Avec des études de littérature, d’histoire de l’art et un attrait certain pour les langues anciennes, on n’en attendait pas moins de la bédéiste. Les références antiques sont notamment omniprésentes dans l’œuvre permettant de revenir à l’origine des mots/maux. Si ancienneté fait prétendument référence, Sabbah n’hésite pas à puiser dans ses savoirs pour appuyer son propos militant.

Princesse Disney, divinité, héroïne de jeu vidéo, l’autrice offre un large panel de mythes, de leur création à leur réception, en passant par leur instrumentalisation. L’idée est alors de déconstruire, d’analyser et de décortiquer certaines idées reçues et une vision souvent biaisée et bien ancrée dans l’imaginaire collectif.

La bédéiste offre d’ailleurs une double lecture. En suivant d’abord le modèle du strip, Blanche Sabbah va droit au but avec des illustrations simples, colorées, propres aux dessins de presse comique et dénonciateur. Puis, dans une démarche plus analytique, une page rédigée apporte pour chaque profil un regard scientifique, référencé, nous permettant de pousser plus loin les thématiques abordées.

Ce nouveau tome marque un tournant dans la série. La bédéiste donne la part belle à la pop culture (comics, séries, etc.) et s’ouvre à l’international, s’attaquant à des mythes moins connus des publics occidentaux. Militante féministe, écologiste, les luttes de Blanche Sabbah imprègnent l’album donnant plus de profondeur à son récit. « De l’élève qui écrit des dissertations à la militante alarmée... », cette dernière s’éloigne d’un format plus sage et universitaire caractérisant le premier tome sorti au printemps 2022.

Si le format papier n’est pas idéal, avec de petites écritures initialement adaptées à la plateforme numérique et certains passages peu digestes, on doit à ce condensé d’informations un maximum d’histoires en un minimum de pages. Ainsi, en multipliant et en diversifiant les profils, l’album devient une œuvre accessible et attractive pour le plus grand nombre.

Ce deuxième tome de Mythes et meufs se place comme une introduction, une première déconstruction, une série de brèches dans laquelle lecteurs et lectrices sont libres de s’engouffrer. Pour reprendre les mots de l’autrice : « J’espère de tout cœur que ce livre saura être un outil pédagogique pour nos combats mais aussi pour faire rêver d’héroïnes puissantes et de mondes merveilleux », c’est un pari réussi.

(par Louise Ageorges)

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