Eiji est un étudiant plutôt discret et particulièrement maladroit avec les filles. Toujours puceau, il n’en mène pas large avec la gent féminine. Quelle est donc sa stupeur lorsqu’il se réveille un beau matin aux côtés d’une très belle brune, sans avoir la moindre idée de la manière dont cette fille s’est retrouvée dans son lit. Second mystère : il constate un décalage de trois jours au calendrier, et il réalise alors qu’il n’a plus aucun souvenir de ce qui lui est arrivé ces dernières 72 heures.
Quelques jours plus tard, l’histoire se répète : cette fois-ci, il se réveille avec un décalage de 4 journées et plus surpenant encore, il apprend de la bouche de celle qui se dit être sa copine qu’il lui a fait l’amour la veille, évidemment sans se remémorer quoi que ce soit.
Totalement déboussolé par cette situation chaotique, Eiji tente d’assembler les pièces du puzzle, mais tout bascule lorsqu’il découvre dans son placard une batte de baseball pleine de sang et une sacrée somme d’argent.
Parallèlement, plusieurs jeunes filles sont massacrées dans des circonstances qui rappellent très fortement les crimes commis 15 ans plus tôt par un tueur en série notoire, qui n’était autre que le père d’Eiji !
Chers lecteurs, sachez que The Killer Inside mérite toute votre attention : voici la nouvelle pépite du polar moderne. Le titre n’a rien à envier à un Route End de Kaiji Nakagawa ou à un Noise de Tetsuya Tsutsui, deux références du genre toutes deux issues du catalogue Ki-oon, tant la qualité scénaristique est au rendez-vous.
Hajime Inoryu développe remarquablement bien son personnage à la double identité. En tentant à tout prix de faire concilier ses deux personnalités, il ira jusqu’à dévier consciemment de ses grands principes de vie, dans un jeu à double tranchant non exempt de dangers.
Et en dépit de ses pertes de mémoire s’étalant sur plusieurs jours, le doute persiste quant à sa réelle culpabilité dans les meurtres commis. Certes, plusieurs facteurs jouent en sa défaveur, mais l’auteur laisse le mystère planer : est-il vraiment coupable ?
Véritable torture psychologique, The Killer inside joue avec le lecteur dans un crescendo émotionnel étourdissant. Le dédoublement de personnalité n’est pas en soi un thème très original, il a été de nombreuses fois exploité tant au cinéma qu’en roman ou même en manga, mais cette série se démarque vraiment de ses pairs, et saura plaire aux lecteurs amateurs de ce type de sujets.
Quant au travail graphique de Shota Ito, il colle parfaitement au scénario, accompagnant la trame sur le même fil conducteur. Le talent exprimé au niveau des regards est d’une profondeur et d’une clarté fascinante tout comme l’encrage épais qui permet de plonger le lecteur dans le climat obscur de cette inexorable descente aux enfers.
Les éditions Ki-oon nous livrent une fois encore un titre d’excellente facture, et on ronge déjà notre frein en attendant la sortie du second tome.
(par Marc Vandermeer)
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The Killer Inside T. 1. Scénario : Hajime Inoryu. Dessin : Shota Ito. Éditeur : Ki-oon. Traduction : Alex Ponthaut. Sortie : le 20 février 2020. Prix : 7,90 euros.
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