Batman / Spawn 1994 - Par Frank Miller, Doug Moench, Todd McFarlane & Klaus Janson - Ed. Urban Comics

Batman & Spawn. La rencontre de deux super-héros masqués, chacun doté d’une longue cape. Si le premier endosse le rôle de justicier pour quiconque le souhaite, le second poursuit une quête vengeresse.

C’est en 1994, que ces deux protagonistes légendaires se rencontrent, et cela à deux reprises suite à l’accord éditorial entre DC et Image Comics, avec pour but de créer une histoire indépendante de l’autre, en insérant ces deux personnages charismatiques sur l’échiquier.

Todd McFarlane, le créateur de Spawn, associé au grand Frank Miller, pour qui il venait de proposer un épisode de scénario de sa série, ont lancé ce projet Batman Spawn 1994, unissant ces deux colosses pour un résultat plutôt surprenant.

Ce one-shot, constitué de deux histoires courtes, prend place à Gotham où Bruce Wayne enquête sur Virgil Dare qui le mène à une cargaison d’explosifs susceptible d’être liée à d’éventuels actes terroristes.

D’autre part, Spawn adossé dans une ruelle désaffectée, cogite, en proie à ses démons intérieurs. Il se remémore des souvenirs venant le hanter, lorsqu’il avait pour cible Simon Vesper, le concepteur de la tour de Gotham. Les chimères de son esprit s’entremêlent et le mènent vers une impasse, sans saisir le pourquoi du comment. Qui donc l’aurait embauché comme tueur à gage, lors de son vivant en tant que Colonel Al Simmons ?

Simon Vesper, certes décédé avant même l’inauguration de sa tour, aura tenu des informations capitales ante mortem quant à la réalisation de son dessein. À la tête de ce projet ambitieux, Virgil Dare tire dorénavant les ficelles, ignorant que Vesper, miraculeusement ressuscité, sort de sa tombe, bien décidé à en reprendre instantanément les rennes.

La Tour de Gotham et le retour de Vesper serviront de point d’ancrage à réunir la chauve-souris et Spawn, lors d’un affrontement légendaire …

Aux commandes scénaristiques, nous retrouvons respectivement pour le premier récit, le trio d’auteurs Doug Moench, Chick Dixon et Alan Grant, et le talentueux Frank Miller qui opère en cavalier solitaire pour la seconde partie. On ressent toutefois une maitrise davantage calibrée pour Miller qui distille un scénario coup de poing, où chaque parcelle de dialogue résonne profondément, là où les autres scénaristes pataugent quelque peu.

©Todd McFarlane / Urban Comics

Deux dessinateurs, à savoir Todd McFarlane & Klaus Janson se partagent les deux histoires de ce récit complet. Comme à son habitude, le créateur de Spawn nous envoie du lourd dans les gencives, avec un trait nerveux, précis et au découpage relativement varié.

Pas sûr toutefois que le style désarticulé proposé par son complice Klaus Janson réjouisse les foules tant il joue la carte de la démesure : faciès excessivement grotesques et effrayants, séquences d’actions surréalistes et personnages bondissant à 360°. On aime ou on déteste, mais sachez que l’on évolue clairement dans un contexte visuel vintage, à la palette de couleurs disproportionnée.

©Klaus Janson / Urban Comics

Un récit d’ouverture en demi-teinte, resté quelque part dans une phase prototype, largement dominé par le second scénario signé Frank Miller, au trait graphique éblouissant de Todd McFarlane. C’est presque le jour et la nuit, notamment sur le plan graphique.

La fin d’album est agrémentée d’un superbe bonus, qui, à lui seul, vaut largement le détour : l’encrage original dans sa version première en anglais du récit War Devil est de toute beauté. L’occasion de comparer les deux versions reprises dans cet ouvrage l’une colorisée et l’autre en noir et blanc.