Nous vous annoncions il y a quelques jours les nominés pour le Prix Wolinski 2020. Et voici qui tombe à pic pour la réouverture des librairies, le lauréat de cette année : Peau d’homme d’Hubert et Zanzim chez Glénat. Ne pouvant pas se réunir comme à leur habitude, c’est à distance que les membres du jury ont délibéré.
Ce dernier est présidé comme chaque année depuis 2015 par l’épouse de Georges, l’écrivaine Maryse Wolinski, et est composé de grands noms de la BD comme Florence Cestac, Catherine Meurisse ou encore Philippe Druillet.
Ils n’ont pas eu une tâche facile au regard de la qualité de la sélection cette année, rappelons-la :
Bella ciao de Baru (Futuropolis)
New York Cannibals de Boucq et Charyn (Le Lombard)
Moments extraordinaires sous faux applaudissements de Gipi (Futuropolis)
La Fuite du cerveau de Pierre-Henry Gomont (Dargaud)
Tanz ! de Maurane Mazars (Le Lombard)
Les Soldats de Salamine de José Pablo Garcia d’après l’œuvre de Javier Cercas (Actes Sud BD)
Peau d’homme d’Hubert et Zanzim (Glénat)
Sapiens, vol. 1 : la naissance de l’humanité de David Vermeulen et Daniel Casanave d’après Yuval Noah Harari (Albin Michel)
Et c’est finalement, c’est Peau d’homme qui remporte la palme, un album que l’hebdomadaire décrit comme une fable piquante et étourdissante, où le sexe, le désir et les plaisirs (de boire, de philosopher, de se bagarrer) ont la part belle.
Le magnifique ouvrage, plein d’humour et de tendresse, arrive dans une année rude, sombre, le sinistre rappel engendré par les procès de Charlie encore entachée par le décès du scénariste et coloriste Hubert. Dans ce contexte, il est salutaire de distinguer un ouvrage qui porte un aussi important message de tolérance.
Voici ce que Didier Pasamonik en disait dans nos pages : C’est en quelque sorte la BD-testament du scénariste Hubert, récemment décédé, que nous tenons entre les mains. « Peau d’Homme » est un conte philosophique qui aborde la question des genres -masculin et féminin- et le poids des conventions qui pèsent sur nos sociétés depuis des temps antédiluviens sans qu’on n’en comprenne plus ni l’origine, ni le sens, mais qui recouvrent des vrais enjeux de pouvoir. Le tout exprimé avec légèreté et grâce par le dessin lumineux de Zanzim. Incontournable.
L’intrigue ? Pasamonik : « Nous sommes au Moyen-âge. Fille d’une noble lignée, Bianca est en âge de se marier. C’est l’occasion pour sa famille d’entamer des négociations avec le parti de son promis car, en ces temps ancestraux, le mariage est avant tout une question d’alliances financières et commerciales. Le fiancé, Giovanni, un jeune homme aux traits agréables, assiste aux négociations sans enthousiasme particulier, alors que Bianca est ravissante. »
Ode à l’amour et à la tolérance d’une rare qualité, le conte d’Hubert et Zanzim est une œuvre unique, toute en douceur, qui tranche avec un sujet rarement traité avec une telle élégance. Sans conteste l’un des albums les plus importants de l’année 2020. Le Prix Wolinski-Le Point vient confirmer cette impression, en attendant un prix à Angoulême, car l’album, là aussi, fait partie des nominés
(par Klara LESSARD)
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