Victor Hussenot est un virtuose discret. Pourtant, ses livres pour les plus grands - Les Spectateurs, Les Gris colorés... - comme pour les plus petits - Les Amoureux, Voyage en toboggan... - prouvent qu’il est fin dessinateur, coloriste talentueux et amateur d’expériences graphiques étonnantes. S’il use d’un trait souvent proche du minimalisme, il sait jouer des couleurs et varier ses compositions pour faire sens, et pas seulement pour embellir son propos.
C’est de nouveau le cas avec La Récréation paru le 25 août chez La Joie de lire. Il ne faut pas trop en dire pour ne pas dévoiler les nombreuses surprises qui émaillent cette bande dessinée, de la première à la quatrième de couverture, littéralement. Une bande de garçons jouent et se chamaillent. L’un d’eux, plus fort de caractère, plus mature aussi, râle, boude et se révolte. Jusqu’à tout chambouler. Formes et couleurs, pages et cases, fiction et création : les repères habituels sont explosés, avec beaucoup d’humour et une malice gourmande. À lire et relire.
Violette et ses ami.e.s entre au collège ! Un tournant dans la vie d’une pré-adolescente. Les habitudes changent vite, les amitiés se font et se défont, les émois amoureux émergent et de nouveaux dangers guettent. Mais Violette, avec ses lunettes magiques est bien armée et devient vite populaire. Jusqu’à ce que Diablot1 se mette à la harceler en ligne et lui vole ses lunettes. Il faut alors du courage, de la ténacité et de l’inventivité à la jeune fille et ses copines pour se défaire d’une situation méchamment malaisante...
La dessinatrice Émilie Clarke, dans ce second volume des aventures de Violette, fait grandir son héroïne en la confrontant à des soucis très ancrés dans notre monde contemporain. Humour et suspense sont au rendez-vous, servis par des couleurs franches, un trait simple et très dynamique, et un ton souvent espiègle. Une narration bien rythmée et des personnages vite attachants, achèvent de faire de Violette contre Diablot1, sorti chez Biscoto le 19 août, une valeur sûre.
Co-fondateur des Éditions FLBLB et auteur régulier, en solo ou en duo, de la maison, Otto T. maîtrise l’art de dire beaucoup avec peu de moyens. Presque schématique mais extrêmement vivant, son dessin se prête parfaitement aux récits humoristiques. On peut d’ailleurs s’étonner qu’il n’ait pas davantage, jusque-là, employé son trait expressif pour s’adresser aux jeunes lecteurs. Il se rattrape de fort belle manière avec Jojo l’éléphant, paru le 25 août, récit gaguesque sur la popularité et la jalousie.
Jojo est un éléphant certes sympathique mais assez frimeur. Il est la star du zoo, jusqu’à ce que débarque Gromi le panda. Quoi de plus mignon et attendrissant qu’un panda ? Un bébé panda peut-être ? En tous cas, Jojo est détrôné : il n’a plus la première place dans le cœur des résidents et des visiteurs du zoo. Jaloux comme un pou, il se met à imaginer la fin prématurée et violente de Gromi... Mais ce qu’il ne peut pas inventer, c’est la fin de l’histoire. Tout en dérision, ce court récit joliment mis en couleur par Guillaume Heurtault est un totem contre l’esprit de sérieux.
Et pour faire bonne mesure...
On reste chez les mêmes éditeurs indés et on jette un œil dans le rétro pour ne rien oublier. On découvre alors Le Colibri, roman graphique écrit par Élise Shua Dusapin et dessiné par Hélène Becquelin pour La Joie de lire (parution le 8 septembre), l’histoire triste et belle de la rencontre entre un garçon marqué par le deuil de son grand frère et d’une joyeuse fille trop seule.
On remarque également La Petite Chienne et la louve de Marine Blandin, bande dessinée sortie chez Biscoto le 16 septembre. Le récit débute dans la douleur et finit, à force de courage, dans la lumière d’une nouvelle amitié.
On souligne la qualité et la densité d’informations offertes par Le Super Week-end de l’océan de Gaëlle Alméras (Maison Georges, 13 juin), documentaire illustré qui a reçu la caution scientifique de l’IFREMER et se penche sur un thème qui sera au cœur de notre avenir du fait du réchauffement climatique.
Et, last but not least, on décerne une mention spéciale à Nylso pour Une Journée de Bourrique (Éditions FLBLB, 17 juin), superbe histoire sur le voyage, la lecture et la création s’intégrant au monde de Jérôme d’Alphagraph, pour la première fois directement conçue pour les jeunes lecteurs et mis en couleurs, d’ailleurs magnifiquement, par Robin Cousin. De quoi oublier la morosité de la rentrée...
(par Frédéric HOJLO)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Lire également sur ActuaBD :
Dix bédés indés pour cet été
Les 10 albums Jeunesse qu’il faut glisser d’urgence dans votre valise