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44e Festival de la BD d’Angoulême : une programmation resserrée par des temps difficiles — La liste des nominés.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 9 décembre 2016                      Lien  
La traditionnelle conférence de presse du 44e FIBD d’Angoulême 2017 s’est donnée ce matin à la Maison de la radio à Paris. La programmation nous a été montrée, de même que les nominés de la compétition officielle. Avec des expositions certes ambitieuses, le retour bienvenu du Prix Goscinny, mais aussi avec l’arrêt du Concours scolaire de la Caisse d’Epargne qui a été longtemps un des fers de lance du Festival auprès des jeunes générations, le Festival d’Angoulême est au milieu du gué dans l’attente de vraies réformes.

On a pu lire dans nos forums cette question, laissée jusqu’ici sans réponse : qu’en est-il du Festival d’Angoulême qui a dû essuyer l’année dernière la plus importante salve de critiques de toute sa carrière ?

Rien n’a vraiment changé, mais les choses bougent. Stéphane Beaujean, jusque là dans un quarteron de programmateurs est passé directeur artistique. Son intelligence et son entregent ont rassuré, même si les problèmes de fond ne sont pas résolus : l’association-croupion qui détient le FIBD, démocratique comme une république cubaine, a un nouveau Lider Maximo en la personne de Delphine Groux, la propre fille de l’un des fondateurs du FIBD, et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en ce qui la concerne, elle n’a pas fait grande impression auprès des éditeurs.

Ceux-ci, comme les financeurs, sont dans l’expectative. On a l’impression que la volonté commune est de laisser passer cette édition et, c’est un paramètre important en cette saison de primaires, les élections présidentielles et législatives de 2017 afin d’évaluer les mesures à prendre. Avec Chateaubriand, respectons « la majesté du temps »…

Hommage à Gotlib

La cérémonie s’est ouverte sur un légitime hommage à Marcel Gotlib que l’on enterre aujourd’hui. Grand Prix d’Angoulême 1991, sa disparition à quelques jours du FIBD nous rappelle les jours heureux où la BD faisait la révolution sur les bords de la Charente dans un festival où « l’inventeur de la BD adulte » comme le surnommait L’Express cet été, était devenu –Grand Prix oblige- un habitué.

Hermann en grand

Heureusement, Hermann est là, qui se sent «  bien seul » en voyant ses collègues et amis « claquer les uns après les autres ». Le Grand Prix 2016 sera bien mis à l’honneur en janvier 2017.

La raison ? Une grande exposition rétrospective de plus de 150 planches, parmi les plus belles de sa carrière, choisies dans la collection personnelle de l’artiste. Son commissaire, Stéphane Beaujean lui-même, en a profité pour se livrer en public à un petit entretien avec le grand dessinateur belge qui n’a pas perdu sa verve habituelle.

44e Festival de la BD d'Angoulême : une programmation resserrée par des temps difficiles — La liste des nominés.
Stéphane Beaujean et Hermann lors de la conférence de presse de ce matin.

Celui qui continue de produire « un peu moins de deux albums » par an et qui revendique cette boulimie de travail, alors que bien d’autres que lui à son âge sont à la retraite, par «  une sorte de maladie », a évoqué le premier Angoulême de sa carrière –« Angoulême zéro »- à une époque où ce n’était pas encore un festival : « Il y avait trois pelés et deux tondus, c’étaient des gosses. expliqua-t-il. Je ne sais pas ce qui nous a pris de revenir là-bas alors que l’on venait de Belgique, qu’il fallait changer de gare à Paris, et que le voyage nous prenait presque neuf heures… » Depuis, la fréquentation a changé : « Il y a trop de monde !  » asséna-t-il avec sa franchise habituelle.

« Hermann le naturaliste » comme le surnomme l’exposition qui nous attend en fin janvier, sera bien évidemment présent fin janvier.

For your eyes only : la couverture de Duke, le prochain album d’Hermann (janvier 2017)

Les auteurs payés

L’intervention de Vincent Monadé, président du Conseil National du Livre, a surpris par son volontarisme. Il annonce que son organisme envisage de donner l’année prochaine (seulement ?) une rallonge à sa subvention annuelle du FIBD « pour payer les auteurs ». « Lorsque Monsieur le maire d’Angoulême qui est présent fait un Festival de Musique ou un Festival d’art vivant, il ne lui viendrait pas à l’idée de ne pas payer le musicien ou l’acteur, a-t-il expliqué. Si la littérature –et la bande dessinée en est une- devient un spectacle, alors l’auteur doit être justement rémunéré pour ce faire. Et c’est dans cette optique que nous avons demandé au Festival de rémunérer les auteurs en débat. Je salue les organisateurs du FIBD qui ont mis en place, avec difficulté, cette disposition cette année. »

Le grand retour du Prix Goscinny

Autre surprise : le retour du Prix Goscinny qui augure une « année Goscinny » en 2017 qui se signale par deux grande expositions à la rentrée de septembre 2017 : « Goscinny et le cinéma » à la cinémathèque et une grande rétrospective au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.

Aymar du Châtenet a pris la parole à la place d’Anne Goscinny, absente en raison des obsèques de Gotlib : « À l’occasion des 40 ans la disparition de René Goscinny, Anne Goscinny a décidé de raviver le Prix Goscinny que nombre d’entre vous connaissent déjà bien : c’est un prix qui avait été créé en 1988 par Gilberte Goscinny avec le soutien du regretté Guy Vidal et qui pendant vingt ans, à Angoulême, a récompensé un scénariste. Il était donc naturel et légitime qu’il y retrouve sa place.  »

Aymar du Chatenet annonce le retour du Prix Goscinny

L’Institut Goscinny et le FIBD se sont donc associés pour remettre un prix –un bronze signé Combas- et financer une exposition consacrée au lauréat.

Will Eisner à l’honneur

Le grand dessinateur Will Eisner –deuxième Prix d’Angoulême en 1975 juste derrière Franquin- est mis à l’honneur cette année dans une grande exposition rétrospective de celui qui est nom seulement le pionnier de l’univers du comic-book, avec The Spirit, mais aussi le principal artisan de l’émergence du « roman graphique » sous sa forme actuelle. Un ensemble de planches exceptionnel qui prendra place au Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême.

Le formidable Eisner exposé au Musée de la BD
© Eisner Estate

Valérian, de la case à l’écran

Avec la banque BNP Paribas, qui a mis près de dix millions d’euros dans la production du film, Valérian et Laureline signé Luc Besson qui sort en salle en juillet 2017. Il sera un des autres « highlights » de cette édition. Le tournage est terminé et le film en est aux effets spéciaux. « Je n’ai encore rien vu, nous dit son auteur Jean-Claude Mézières, mais je fais entièrement confiance à Besson, c’est SON film ! »

Jean-Claude Mézières parle du film Valérian qui fait l’objet d’une expo au Festival

Les autres expositions

Le classique japonais Kazuo Kamimura, « l’estampiste du manga » (Lady Snowblood, Le Club des divorcés, Lorsque nous vivions ensemble…), Le Château des étoiles d’Alex Alice, la scénariste Loo Hui Phang (Les Garçons affamés) co-programmatrice des événements BD de la Ferme du Buisson dans une exposition/installation :Synoptique, les 20 ans de Panini Comics, Honneur et Profit de Sophie Guerrive (Capitaine Mulet), résidente à la Maison des auteurs, une histoire de l’art de Philippe Dupuy... et l’étonnante "Knock Outsider Komics" autour des pratiques de la bande dessinée d’un centre belge de création pour artistes mentalement déficients qui nous avait donné Frandisco à Aix en Provence sont également au programme. Nous y reviendrons sans doute.

La French Touch de Panini Comics pour ses 20 ans en France

Le retour de Dupuis

En répliquant l’univers de Gaston Lagaffe à Angoulême, les éditions Dupuis reviennent aux bords de la Charente après des décennies de bouderie. En réalité, c’est le reflet de la politique commerciale de Média-Participations qui confie alternativement à ses principaux labels le soin de gérer le stand du festival. C’était Le Lombard l’année dernière, ce sera Dargaud l’année prochaine. Mais le retour des auteurs Dupuis dans un festival qui leur doit sa notoriété naissante est une forme d’événement.

Loo Hui Phang dans ses oeuvres avec Frederik Peeters

La Caisse d’Epargne n’est plus sponsor du FIBD

Les organisateurs du FIBD ont été très discrets sur ce point : alors qu’ils faisaient reluire leurs partenariats avec Cultura ou la SNCF, il est un sponsor qui accompagnait le FIBD depuis 43 ans qui passe à la trappe : celui des Prix Scolaires et des Prix Jeunesse, La Caisse d’Epargne. C’est un séisme de première ampleur car la banque organisait un Concours scolaire qui apportait la création de la bande dessinée dans toutes les écoles de France et de Navarre et qui a suscité de nombreuses vocations : Catherine Meurisse, nominée dans la sélection officielle cette année, par exemple, en avait été la lauréate. Cela signifie pour le FIBD moins d’argent mais aussi une logistique bien rôdée qui fédérait des milliers de jeunes autour de l’événement qui lui échappe. Pas très bon signe...

Ces arrivées et ces départs illustrent bien la situation du FIBD en ce moment : bien qu’ayant de beaux restes et un passé prestigieux, ce festival est fragile. Il lui faut se réformer en profondeur pour assurer son avenir.

Nous reviendrons prochainement sur la sélection officielle qui a été dévoilée ce matin également. La voici sans attendre.

© FIBD - Lewis Trondheim

LES NOMINÉS 2017
La sélection officielle
 :

- L’Arabe du Futur t.3 de Riad Sattouf (Allary)
- Bitch Planet t.1 de Kelly Sue DeConnick et Valentine DeLandro (Glénat)
- Ce qu’il faut de terre à l’homme de Martin Veyron (Dargaud)
- Chiisakobé t.4 de Minetaro Mochizuki (Le Lézard Noir).
- Chronosquad t.1 de Gregory Panaccione et Giorgio Albertini (Delcourt)
- Chroquettes de Jean-Christophe Menu (Fluide Glacial)
- Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakli et Lewis Trondheim (L’Association)
- Cul de Sac t.1 de Richard Thompson (Urban Comics)
- Le Dernier Assaut de Dominique Grange et Jacques Tardi (Casterman)
- Dressing de Michael DeForge (Atrabile)
- L’Essentiel des Gouines à Suivre de Alison Bechdel (Même pas mal)
- La Famille Fun de Benjamin Frish (ça et là)
- The Grocery t.4 d’Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin (Ankama)
- Hip Hop Family Tree t.1 de Ed Piskor (Papa Guede)
- Histoires croûtes d’Antoine Marchalot (Les Requins Marteaux)
- L’Homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme (Dargaud)
- Jupiter Legacy t.1 de Peter Doherty, Mark Millar et Frank Quitely (Panini)
- Kobane Calling de Zerocalcare (Cambourakis)
- Last Hero Inuyashiki t.6 de Hiroya Oku (Ki-oon)
- Lazarus t.4 de Greg Rucka et Michael Lark (Glénat)
- La Légèreté de Catherine Meurisse (Dargaud)
- Le Mari de mon frère t.1 de Gengoroh Tagama (Akata)
- Martha et Alan d’Emmanuel Guibert (L’Association)
- Mauvaises Filles d’Ancco (Cornélius)
- Megg, Mogg et Owl à Amsterdam de Simon Hanselmann (Misma)
- Les Ogres Dieux t.2 de Bertrand Gatignol et Hubert (Soleil)
- Otto, l’Homme réécrit de Marc-Antoine Matthieu (Delcourt)
- Patience de Daniel Clowes (Cornélius)
- Paysages après la bataille de Philippe De Pierpont et Eric Lambé (Actes Sud BD - Frémok)
- Pelotes dans la fumée t.2 de Miroslav Sekulic-Struja (Actes Sud BD)
- Perceval de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg (Le Lombard)
- Police Lunaire de Tom Gold (Editions 2024)
- Rat God de Richard Corben (Delirium)
- Le Remarquable et stupéfiant Monsieur Léotard de Eddie Campbell et Daniel Best (çà et là)
- Rocco et la Toison de Vincent Vanoli (L’Association)
- Saga t.6 de Brian K. Vaughan et Fiona Staples (Urban Comics)
- Shangri-La de Mathieu Bablet (Ankama)
- Stupor Mundi de Néjib (Gallimard)
- Sunny t.6 de Taiyou Matsumoto (Kana)
- Les Trois Fantômes de Tesla de Guilhem et Richard Marazano (Le Lombard)
- Tulipe de Sophie Guerrive (Editions 2024)
- Vivre à Frandisco de Marcel Schmitz et Thierry Van Hasselt (Frémok)

Sélection jeunesse :

- Anders et la comète de Gregory Mackay (Hoochie Coochie)
- Ariol t.11 de Marc Boutavant et Emmanuel Guibert (BD Kids/Bayard)
- Dans la forêt sombre et mystérieuse de Winschluss (Gallimard)
- Hägar Dünor t.1 de Dik Browne (Urban Comics)
- Ichiko et Niko t.1 de Lunlun Yamamoto (Kana)
- La Jeunesse de Mickey de Tebo (Glénat)
- Kanerva de Petteri Tikkanen (Les Requins Marteaux)
- Louis parmi les Spectres de Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque)
- Musnet t.1 de Kickly (Dargaud)
- My Hero Academia t.1 de Kohei Horikushi (Ki-oon)
- Quatre sœurs t.3 de Cati Baur et Malika Ferdjouk (Rue de Sèvres)
- Roller Girl de Victoria Jamieson (404 éditions)

Sélection patrimoine :

- Les Aventures de Red Rat t.1 de Johannes Van de Weert (Black Star Editions)
- Le Club des divorcés t.2 de Kazuo Kamimura (Kana)
- Faune d’Aristophane (Frémok)
- Harry Mickson & Co de Florence Cestac (Dargaud)
- Mort Cinder d’Alberto Breccia et Héctor Osterheld (Rackham)
- Time is Money d’Alexis et Fred (Dargaud)
- Le Tribut de Jean-Marc Rochette et Benjamin Legrand (Cornélius)

Sélection Polar SNCF :

- Apache de Alex W. Inker (Sarbacane)
- L’Été Diabolik d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen (Dargaud)
- Maggy Garrison t.3 de Stéphane Oiry et Lewis Trondheim (Dupuis)
- Prof.Fall d’Ivan Brun et Tristan Perreton (Tanibis)
- Rio t.2 de Louise Garcia et Corentin Rouge (Glénat)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême – Du 26 au 29 janvier 2017

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

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