Plantu, Tintin, la liberté de la presse... [PODCAST]

Beau bilan que présente Moulinsart avec les deux derniers ouvrages estampillés sous ce label. Non seulement, leur mook commun Tintin c’est l’aventure connaît un succès public, mais en plus, leur second hors-série qui vient de paraître reçoit un auteur prestigieux : Plantu.

Commençons tout d’abord par le treizième numéro (déjà !) de la revue trimestrielle qui vient de paraître. Ce Tintin c’est l’aventure est consacré au désert, un type de contrée que le jeune reporter connaît bien, pour l’avoir plusieurs fois affronté dans ses aventures. L’équipe éditoriale ne se repose pas pour autant sur les lauriers, car plutôt que d’enfoncer des portes ouvertes, elle continue de trouver des angles inédits pour confronter les récits d’Hergé à l’actualité « brûlante » de notre planète. Ainsi, l’origine des déserts, la question des mirages (ah, les Dupondt !), l’avenir des Touaregs, l’inspiration de la fameuse illustration hors-texte du Crabe aux pinces d’or, le témoignage d’un aventurier dans le désert, etc. Et une fois de plus, les magnifiques images de GEO vont de pair avec les illustrations d’Hergé !

Les férus d’illustrations ou de recherches méconnues seront une fois de plus ravis de la rubrique « Hergé dans les marges ». Notamment en retrouvant la première version de la traversée du désert des Dupondt en Jeep dans Au Pays de l’or noir, un récit interrompu par l’invasion allemande en mai 1940, et qu’Hergé ne reprendra que huit ans plus tard dans le Journal Tintin en le modifiant en profondeur.

Pour être complet, citons encore trois articles intéressants : l’interview de Michel Pastoureau, Professeur à la Sorbonne, qui nous livre sa lecture des aventures de Tintin ; le dossier « Dictateurs d’opérette contre joyeux guérilleros » qui revient sur la thématique des Picaros, et l’analyse du télescope James-Webb comparé à celui de L’Étoile mystérieuse.

Enfin, cerise sur le gâteau, Daniel Couvreur profite de la thématique du désert pour donner un coup de projecteur sur le dernier album de Duke paru où le Grand Lac salé de l’Utah trouve une place importante. On y ajoute une belle interview d’Hermann, illustrée par de beaux extraits de son travail.

Plantu, dans le trait d’Hergé

À coup sûr, la parution qui a le plus attiré notre attention est ce second hors-série, consacré à Plantu. L’idée est d’établir un dialogue entre Plantu et Hergé. « Un dialogue imaginaire », comme l’annonce la couverture, car même si Plantu a étudié quelques temps à Saint-Luc, situé à quelques centaines de mètres des bureaux de Hergé, ils ne sont jamais rencontrés.

Plus que les hommes, ce sont leurs œuvres respectives qui convergent, comparent leurs différence, analysent la filiation tant graphique que journalistique. Ainsi, Hergé lui-même utilisait son dessin pour montrer à ses contemporains des vérités que l’on préférait cacher. Le trait de Plantu, bien que différent de celui d’Hergé, s’en rapproche d’une certaine manière par son exécution sans fioriture ni modelé qui a en commun un même souci de lisibilité pour que le dessin soit compris dans son immédiateté.

Enfin, ce dialogue imaginaire devient des plus savoureux lorsque Plantu explique qu’il est fan d’Hergé, et qu’il utilise avec plaisir ses personnages dans des dessins parce qu’ils sont connus de la majorité des lecteurs, ce qui facilite encore plus la compréhension du message.

N’hésitez d’ailleurs pas à écouter Plantu dans le podcast que nous avons réalisé. Il y explique les passerelles qu’il retrouve entre son travail et celui d’Hergé, mais aussi de passionnantes explications sur le rôle et les difficultés vécues par les dessinateurs de presse, pour qu’ils se comprennent entre eux, et puissent continuer à travailler pour interpeller leurs lectorats respectifs, où qu’ils soient sur le globe.

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.