"Neptune", le nouveau "Monde d’Aldébaran" par Leo

Nous vous en parlions la semaine dernière, en vous présentant la nouvelle série de Rodolphe, Leo et Louis Alloing ; le créateur des Mondes d’Aldébaran revient avec un nouveau cycle de sa saga tentaculaire, dont le titre a de quoi déconcerter. Neptune, une surprise à plus d’un titre ! En effet, Leo a par le passé toujours donné à ses cycles le nom de systèmes stellaires auxquels ils étaient respectivement associés, exception faite des Survivants car l’on ignore initialement sur quelle planète on se retrouve. Or cette fois, il s’agit non seulement du nom d’une planète, mais bien plus proche de nous, vu qu’elle appartient à notre propre système solaire ! Et surtout, comment en imaginer son exploration, puisque que Neptune est une planète gazeuse et qu’il est donc impossible d’y poser le pied ?

Il faut attendre la moitié de ce nouvel album pour répondre à ces questions, car dans un premier temps, Leo propose tout d’abord de renouer avec les héroïnes que le lecteur connaît bien. Trois ans après la fin du Retour sur Aldébaran, on retrouve Manon et Kim, chacune respectivement très occupée. De son côté, la jeune Manon vient d’obtenir son diplôme d’agent spécial de l’ONU et est fait partie des forces spéciales. De l’autre, Kim est mandatée par la même organisation afin d’entrer en contact avec les fameuses mantrisses pour que la totalité du genre humain puisse bénéficier de leurs fameuses gélules.

Mais tout bascule lorsqu’une station spatiale en orbite autour de la Terre observe avec inquiétude l’arrivée d’un vaisseau spatial d’origine inconnue qui s’immobilise soudainement au-dessus de notre planète. L’ONU fait appel aux forces spéciales : Manon se retrouve engagée dans une mission périlleuse en compagnie d’une troupe d’élite qui les conduit jusqu’à la planète Neptune. Là se dissimule un autre vaisseau, immense et également de provenance extra-terrestre, à bord duquel des humains semblent prisonniers. Mais, une fois à bord, rien ne va se passer comme prévu et très vite, la situation dérape... Heureusement pour Manon, elle pourra compter sur l’aide de Kim, experte des missions périlleuses.

La double réussite de Neptune vient du fait que Leo parvient non seulement à apporter un vent de fraîcheur à sa saga, tout en conservant les ingrédients qui la distinguent. D’ailleurs, si vous aviez raté quelques albums des Mondes d’Aldébaran, n’hésitez surtout pas à recommencer avec celui-ci, car il peut se lire indépendamment des précédents, pour peu qu’on sache ce qu’est une mantrisse bien entendu !

L’on retrouve d’ailleurs avec plaisir un concept développé dans Centaurus, une autre série coréalisée par Leo, à savoir celui d’un "vaisseau-monde". Un immense véhicule spatial qui tourne sur lui-même pour offrir une gravité artificielle à ses habitants. En effet, de véritables villes, lac et forêt s’y retrouvent, afin de composer un biotope complet pour que des générations entières puissent s’y succéder avant de trouver un asile sur une lointaine planète.

Sauf qu’à la différence de Centaurus, ce ne sont pas nos héros qui vivent sur cette immense arche, mais ils cherchent au contraire à y entrer pour savoir ce qui s’y produit. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne va pas leur faciliter les choses !

Les ingrédients de ce mystère participent pleinement à l’atmosphère que recherchent les amateurs des Mondes d’Aldébaran. Le magnifique dessin de Leo nous transporte dans de magnifiques contrées : la Terre du futur, mais surtout l’espace, le climat angoissant de ce vaisseau inconnu, sans oublier Bételgeuse qui ouvre une rafraîchissante et dépaysante parenthèse, presque nostalgique avec les iums.

De plus, comme il l’avait fait avec Retour sur Aldébaran, l’auteur maintient une pagination plus dense. Il nous l’avait expliqué lors de notre rencontre l’année dernière : « Je me suis rendu compte que je devais raconter beaucoup de choses dans "Retour sur Aldébaran" pour préparer au reste du cycle. À cette grosse introduction manquait des scènes d’action. Je me suis alors rendu compte que je pouvais raconter un cycle autrement. Cinq tomes de 46 pages représentent cinq années d’attente pour le lecteur, ce qui reste très long. J’ai réalisé que je pouvais travailler sur trois tomes de 62 planches pour terminer le cycle. Auparavant, je menais de front "Antarès" et "Les Survivants". J’ai donc la capacité de réaliser plus de 46 planches en une année en restant focalisé sur "Retour sur Aldébaran". »

Cet investissement renouvelé profite parfaitement à Neptune. Il permet à l’auteur de s’intéresser à ses personnages, entre autres Manon qui a évolué en trois ans, tout développant de réelles scènes d’actions proprement dites et s’offrant même le luxe d’une incroyable séquence graphique muette avec une mantrisse !

Enfin, Neptune se distingue encore par son développement, car loin des précédents cycle qui se composaient de cinq ou six tomes, il s’agit cette fois d’un diptyque. Comme le précise Leo : « Ce récit est plus court que les autres, avec deux tomes de soixante pages. [...] Le [cycle suivant], qui s’appellera "Bellatrix", se concentrera lui aussi sur Kim et Manon. Et il reviendra au schéma classique de la découverte d’une étrange planète. Sa forme sera également plus classique, je pense revenir à cinq tomes de 46 pages chacun. »

Vous l’aurez compris, nous avons une fois de plus été séduits par Leo, qui nous offre ici une parenthèse spatiale contenant quelques pépites, comme cette "attaque" en orbite de Neptune. Leo qui restera au cœur de l’actualité, car après Demain et ce Neptune, il publiera une troisième nouvelle série en mars prochain, continuant avec Rodolphe et Marchal la saga entamée avec Kenya, Namibia et Amazonie. Encore une contrée exotique pour Kathy Austin ?... d’une certaine façon, car ce quatrième cycle s’intitule Scotland. Nous vous en reparlerons bien entendu dès sa sortie !