"Scotland", la suite écossaise des aventures de Leo, Rodolphe et Marchal

Nous vous l’annoncions il y a deux mois, lors de la présentation de la nouvelle série des Mondes d’Aldébaran intitulée Neptune : après avoir réalisé ensemble deux cycles de cinq albums, le trio composé de Leo, Rodolphe & Marchal publie leur onzième titre en commun, à savoir déjà le seizième opus de Kathy Austin. Un succès qui ne se dément pas depuis le premier Kenya, surtout que l’on quitte les précédentes contrées exotiques pour changer complètement d’atmosphère.

En effet, de retour d’Amazonie, Kathy Austin rejoint son Écosse natale pour prendre quelques jours de repos dans le manoir familial dont elle a hérité. Arrivée au village de Kilwood, elle découvre avec stupéfaction que cette grande demeure a non seulement brûlé, mais également que les circonstances qui entourent le décès de sa grande tante sont beaucoup plus étranges que ce qu’on a pu initialement lui dire.

Avec l’aide de la police locale, Kathy comprend peu à peu que d’étranges phénomènes se produisent dans la région. Pendant ce temps, dans les profondeurs d’un château situé en bord de mer, un groupe d’hommes et de femmes venus de pays étrangers s’activent dans le plus grand secret et tentent d’extraire un mystérieux artefact, encastré dans la pierre...

En listant toutes les séries menées de front par Rodolphe & Leo ensemble dont Europa et Demain qu’ils viennent de débuter il y a quelques semaines, ainsi que tous leurs albums réalisés séparément, on peut se demander où ils trouvent le temps, l’imagination et l’énergie de renouer avec leur plus célèbre héroïne commune. Pourtant, dès les premières pages, l’atmosphère mystérieuse s’installe avec une étonnante facilité. C’est sans doute lié au charme de cette espionne, d’une apparente fragilité et néanmoins d’une solidité à toute épreuve. Ou au savant mélange des aspirations des deux scénaristes, allez savoir !

En effet, les amateurs retrouvent assez rapidement les marottes des deux compères. D’un côté, la littérature du début du XXe siècle chère à Rodolphe, avec cette ambiance qui s’approche du Chien des Baskerville, ainsi que ces références aux années 1950, à commencer par La Fureur de vivre. De l’autre, Leo présente de nouveau les liens possibles avec ces visiteurs venus d’autres mondes, et comment certaines autorités les auraient cachées au grand public.

En plus de cette recette avérée, les auteurs lèvent le voile sur leur héroïne, en présentant la jeunesse de cette femme, dont on pouvait se demander d’où venait ce caractère si trempé et indépendant. Cette caractéristique complémentaire, qui vient s’ajouter à l’étrangeté légendaire de l’Écosse, apporte le piquant nécessaire pour doper l’intrigue de ce premier opus. En effet, comme c’était déjà le cas dans les précédents cycles, le mystère monte très progressivement, les auteurs s’appliquant à planter le cadre avant de faire monter le rythme.

Heureusement, le dessinateur Bertrand Marchal n’a pas son pareil pour soigner le mystère de la série tout restituant l’atmosphère historique de cette fin des années 1940. Il faut dire que le dessinateur est plus que rodé : c’est le dix-neuvième album qu’il réalise avec Rodolphe, et comme le scénariste est l’un des experts dans le domaine du mystère, Bertrand Marchal est devenu l’un des plus habiles pour travailler le réaliste de cette époque tout en ouvrant la porte au fantastique.

Les amateurs de Kenya et des ambiances étranges chères au trio d’auteurs seront donc ravis d’en savoir plus sur l’héroïne qu’ils suivent depuis bien des années. Surtout dans un contexte à la fois fidèle aux précédents et très différent dans le cadre proposé. Il ne manque que Nessie, mais il reste encore quelques albums à découvrir et autant de surprises à l’horizon.