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Ils l’ont dit en 2011 : les interviews d’ActuaBD 3/3

Par Thierry Lemaire le 4 janvier 2012                      Lien  
Troisième et dernière partie des "brèves d'interviews" d'ActuaBD. 2012 commençant, il ne vous reste plus désormais qu'à lire régulièrement les entretiens publiés sur notre site, pour découvrir au fil des jours les bons mots des artistes interrogés.

Wilfrid Lupano (scénariste de Sarkozix, Alim le tanneur, Le droit chemin) : « (Vos influences ?) - Alors, ça va vous surprendre parce que c’est différent de quasiment tout ce que je fais, mais en fin de compte, j’y pense à chaque fois, c’est Dostoïevski. Depuis toujours, j’ai une admiration sans bornes pour cet auteur. Je le relis régulièrement. Il a écrit sur l’être humain comme personne, avant la psychanalyse, avant tout ça. C’est hallucinant. C’est même effrayant. Ça ne se voit pas forcément, mais dans toutes mes constructions de personnages, il y a souvent des petits clins d’œil à des personnages de ses romans. Ou en tout cas, à sa façon de traiter ses propres intrigues et de changer de point de vue dans ses récits. J’ai beaucoup appris en lisant Dosto. Parce que je l’appelle Dosto (rires). »

Ils l'ont dit en 2011 : les interviews d'ActuaBD 3/3
Dave McKean
(c) T. Lemaire

Dave McKean (scénariste et dessinateur de Celluloïd) : « J’ai été à Venise un certain nombre de fois, et quand vous vous promenez dans les rues à trois ou quatre heures du matin, c’est très joli. Il n’y a personne, juste l’écho de vos pas. Et il y avait cette petite place avec un mannequin nu dans une vitrine, parce qu’ils n’avaient pas encore changé les vêtements. Le sentiment que j’ai eu en arrivant sur cette place et en voyant subrepticement cette femme nue, ce petit moment, ce frisson… Je pense que nous avons tous ce genre d’expériences, qui sont inoffensives. »

Milo Manara, (Dessinateur Borgia) : « Hugo Pratt me disait souvent que l’aventure était synonyme d’évasion, d’une échappatoire à une prison. Ce désir d’aventure était quelque chose de désirable et d’important ! L’aventure, c’est de l’autodétermination humaine. Et donc, c’est quelque chose de plus important que la politique ».

Jack Manini (Scénariste Hollywood) : « Thomas Edison était un savant génial, mais aussi un espèce d’ogre, un vrai méchant de BD. Un mix entre Dark Vador et Nicolas Sarkozy. ».

Midam (Dessinateur, scénariste Kid Paddle) : « Le dessin a des côtés mécaniques, car il est moins intellectuel que le scénario. ».

Mix & Remix (Dessinateur de presse) : « Le dessin d’actualité demande une certaine humanisation du dessin. »

Jean-David Morvan (scénariste de Vies tranchées) : « C’est quelque chose qui me touche depuis toujours. J’ai du mal à ne pas faire des histoires de soldats. Ce qui m’intéresse, c’est le moment où on devient ce qu’on est. La guerre est un révélateur puissant, parce qu’il n’y a plus rien à perdre. Mentir sur ce qu’on est n’est plus utile. »

Hubert Mounier
(c) D. Pasamonik

Hubert Mounier (musicien-interprète et auteur de BD) : "c’est un vrai "plus" de pouvoir se raconter en BD, car c’est un médium qui permet de dire des choses vraies ou douloureuses avec pudeur et humour. Toutes les pirouettes sont permises, comme les couvertures de BD des “Akim” de ma jeunesse que j’ai redessinées dans ce livre en y ajoutant mon visage, et qui illustrent chaque début de chapitre, c’était un régal à faire, la catharsis idéale pour survivre aux rudesses du showbiz. Car les chansons sont de minuscules boîtes dans lesquelles on ne peut pas tout mettre. Et le besoin de dire ma vérité était grand ! Après 25 ans de carrière, je crois que les gens vont enfin savoir qui je suis..."

Stéphane Oiry (dessinateur de Une vie sans Barjot) : « Quand je pense au pop art, je pense à l’usage des grosses trames, à la sérigraphie et au trait épais. C’est certain que ce sont des fondamentaux stylistiques qui m’ont toujours accompagnés. Je pense aussi que c’est lié à cette recherche de classicisme dont je vous parlais. J’ai une méthode de travail très old school, puisque j’encre avec un pinceau. Cette méthode d’encrage est inspirée des anciens : Milton Caniff, Jijé… À partir du moment où l’on adopte ce traitement spécifique, c’est logique je suppose, d’évoquer le pop art. »

Kevin O’Neil (Dessinateur, La Ligue des Gentlemen extraordinaires) : « Nous avons trouvé une solution […] pour prochainement proposer la traduction du Black Dossier au lectorat francophone. Cela constitue une avancée cruciale, car le Black Dossier reprend toute une série d’informations importantes, dont la jeunesse éternelle d’Allan Quatermain […] ! [Juste après la conclusion du cycle Century cette année], nous allons réaliser un one-shot plus court qui devrait encore paraître en 2012 en anglais. Cette bouffée d’air était importante pour moi, car le prochain cycle fera plus de trois cents pages ! Nous allons sans doute réaliser d’autres petits livres dans cet intervalle, de façon à changer parfois d’univers, ainsi que nous l’avions réalisé avec le Black Dossier. Rassurez donc vos lecteurs : il va y avoir pas mal de nouveautés dans les prochains temps ! »

Pierre Paquet (éditeur) : « Un éditeur m’a dit un jour : « Si tu avais créé ta boîte sous un autre nom, sans utiliser ton nom de famille, je pense que tu aurais déjà arrêté ce métier ! ». C’est vrai. J’ai traversé plusieurs moments difficiles avec les éditions Paquet. Si je ne l’avais pas appelé ma société par mon nom de famille, je l’aurais probablement revendue ou arrêtée. J’ai un rapport presque filial avec ma maison d’édition. C’est une sorte d’obligation génétique ! Un lien différent que seuls ceux qui ont donné leur nom à leur maison peuvent comprendre… »

Axelle Parker (Actrice X et muse de la transposition de sa vie en BD) : « Le fait de choisir l’érotique et l’humour nous garantissait une distribution tout public, et donc un champ de communication plus large. Alors qu’une bande dessinée pornographique nous restreindrait ces options. […]Nous ne voulions pas réaliser un reportage sur le hard, mais bien jouer la carte de l’autodérision totale ! Fabrizio a pris quelques petits éléments que je lui ai glissés dans le cours de la discussion, pour les extrapoler ! »

Frank Pé (Auteur de Broussaille et dessinateur de Zoo) : « [D]u côté de l’écoute des éditeurs et de la critique, le bilan n’est pas […] positif, car je trouve qu’il n’y a pas toujours de volonté de défendre les albums. Je suis chez Dupuis depuis plus de 35 ans. On pourrait penser qu’un lien familial s’est créé, mais pas du tout, en partie à cause de la rotation des équipes due aux crises successives. J’ai donc l’impression qu’on me considère comme un auteur un peu vénérable, mais à qui on ne propose rien, il n’y a pas d’initiative, pas d’idée. Par exemple, j’ai complètement loupé ma relation au magazine Spirou depuis 15 ans. Alors que cela m’excite toujours d’y publier des choses, mais les rédacs-chefs successifs n’ont plus été en phase avec mon travail, ou vice-versa. C’est un gros regret. »

Cyril Pedrosa (dessinateur, scénariste Portugal) : « L’autobiographie a une contrainte de taille : la vérité."

Jean-Denis Pendanx (Dessinateur, Svoboda) : « La peinture est un excellent moyen pour marquer le temps, ou en tout cas ralentir la narration. »

Michel Plessix
(c) N. Anspach

Michel Plessix (Dessinateur, scénariste Le Vent dans les Sables) : « La bande dessinée est un art de la relecture. Beaucoup de bandes dessinées se relisent deux ou trois fois, voire plus ! C’est pour cela que je travaille les détails dans mon écriture et dans mon dessin. »

Max de Radiguès (dessinateur et scénariste de L’âge dur, Frangins) : « En fait, j’ai fait des fanzines un peu par défaut. J’ai commencé pendant mes études à Saint-Luc à Bruxelles. J’étais frustré. Quand tu débutes, tu mets des semaines à faire quatre pages. Je trouvais ça un peu horrible de passer autant de temps sur des planches, pour uniquement les afficher en classe, recevoir une note et ramener le tout dans un tiroir à la maison. Je bossais dans une librairie à l’époque, et même si je ne faisais que de petites histoires, il fallait que je trouve un moyen d’en faire quelque chose d’agrafé et d’un peu épais. J’ai fait des fanzines où il n’y avait que deux cases par page pour pouvoir de très peu faire une impression de beaucoup. J’ai commencé à vendre mes fanzines, parce que ça me frustrait de faire de la BD sans lecteur. Par après j’ai continué à en faire parce que je n’avais pas d’éditeur. Maintenant que je me fais éditer, c’est un rapport assez différent. Il y a un côté direct. Tu fais ton truc, tu le photocopies, tu l’agrafes. Pas besoin d’être joli, pas besoin de mise en page dingue. C’est un petit truc rapide qui peut directement toucher les gens. »

Miriam Rak (Auteur) : "Je fais passer les femmes pour des personnes disposant d’un recul et d’une autodérision suffisante pour en rire quand elles ont un petit côté sottes et superficielles. Une femme peut avoir fait polytechnique, elle a le droit de se laisser avoir par un panneau publicitaire et hésiter pendant deux heures entre deux couleurs de bottes. Y faire un clin d’œil n’est pas forcément diminuer toutes les qualités annexes qu’elle possède. En tous cas, pas de mon point de vue. Personnellement, je suis fan de philosophie et de littérature, j’ai poursuivi mes études aussi loin que possible et j’ai passé mon adolescence dans des musées et expositions plutôt qu’en boîte et pourtant, oui, je peux considérer un choix de couleurs de vernis à ongles comme une question existentielle dans ma journée. Je ne suis pas persuadée que le fait de l’assumer ne fait pas justement partie de la lutte contre les idées reçues sur les femmes. Devoir passer son temps à se justifier de ne strictement jamais être une sotte superficielle n’est pas à mes yeux une avancée vers l’égalité."

Romain Renard (dessinateur et scénariste de Un hiver de glace) : « La lecture du roman de Daniel Woodrell a été un coup de foudre total. Chaque pages, chaque situations m’inspiraient des images. C’est essentiel quand tu te lances dans une adaptation… J’ajouterais que le bouquin n’était pas trop volumineux. Pour rester concis, pour rendre l’atmosphère d’un roman, il faut se payer le luxe d’avoir trop d’espace, ou à tout le moins pouvoir gérer cet espace de manière personnelle. Avec « Un Hiver de glace », il y avait cette possibilité. Mais par-dessus tout, j’ai découvert un grand romancier, un grand roman avec une écriture qui me plaisait. »

Pierre-Paul Renders (Scénariste Alter Ego) : «  Les dialogues de cinéma sont souvent plus naturalistes. Pour une bande dessinée, il faut trouver le juste équilibre entre le dialogue littéraire et le dialogue naturaliste. Si le texte est trop littéraire, on va ennuyer le lecteur. Et si le dialogue est trop naturel, cela sonnera faux ! Il ne faut pas que les dialogues ressemblent au langage de tous les jours. Mais cela laisse une très grande palette aux créateurs. Lewis Trondheim, par exemple, a une manière particulière, presque littéraire, de faire parler ses personnages.  »

Thierry Robin (Dessinateur, La Mort de Staline) : « Toutes les scènes de La Mort de Staline se passent quasiment au même endroit, autour d’un dictateur paralysé. On assiste à une féroce lutte pour le pouvoir. Fabien Nury a réussi le tour de force de réaliser un portrait assez précis et saisissant d’une époque, et d’un système politique par le simple ballet de ces sinistres apparatchiks autour d’un moribond »

Rodolphe (Scénariste Namibia) : «  J’écris pour essayer de comprendre ce qu’est la vie … Il y a bien sûr des schémas plus ou moins schizophréniques ou fantastiques selon les histoires que j’invente. C’est obligatoire, car la bande dessinée est bien plus une suite de scènes d’actions, de suspenses, de divertissements qu’une continuité de réflexion philosophiques. »

Gregorz Rosinski (Dessinateur, Thorgal) : « Quand on n’a pas de succès, on rêve d’en avoir. Mais on ne se rend pas compte que la liberté est terminée si votre série se transforme en best-seller. Au fil des albums, Le dessinateur éprouve de moins en moins de plaisir à travailler, alors que celui des lecteurs s’accroit.  »

Sergio Salma (dessinateur et scénariste de Nathalie, Animal Lecteur) : « J’avais en tête de faire un Boule & Bill où rien ne fonctionne. J’aimais beaucoup Roba, mais il me semblait que dans la vie, tout ne roulait pas toujours aussi bien. Je voulais que la maman échoue un peu dans son rôle de mère idéale, idem pour le père. Forcément, on y met ce que l’époque nous inspire. Je regrette d’ailleurs que Nathalie n’ait pas été enfant de divorcés dès le départ. Disons que ça aurait donné une vraie modernité. Ce n’est arrivé que plus tard, les parents divorceront dans le tome 14. Aujourd’hui j’ai remarqué, toutes les BD du genre parlent de parents divorcés ou de familles recomposées ! En cela, il faut constater que la BD a mis 15 ou 20 ans à s’adapter à la réalité. »

Mathieu Sapin
(c) T. Lemaire

Mathieu Sapin (dessinateur et scénariste du Journal d’un journal : « Je suis attiré par cette image, un peu caricaturale, du journaliste qui se déplace sur un événement qui change la face du monde. C’est pour ça que je suis séduit par Bob Woodward (NDLR : un des deux journalistes qui ont révélé le scandale du Watergate), et j’ai en tête les images des Hommes du président, avec ces journalistes qui courent sans cesse et qui ont des secrets terribles, et qui changent le cours du monde. Évidemment, c’est romantique, mais c’est marrant de jouer avec ça. Et forcément, la réalité est toute autre. »

Sibylline (scénariste de Sous l’entonnoir) : « Quand j’en parlais aux gens, parce que je n’ai jamais rien caché de cet épisode de ma vie, et que je leur disais que j’avais été à Saint Anne, un étrange malaise s’instaurait en seulement deux secondes (rires). Pour moi, c’est comme une vieille cicatrice, mais dans la tête des gens ça reste quelque chose d’un peu violent, douloureux et excessif. Donc ça valait peut-être le coup d’éclaircir un peu la question. »

Eric Stalner (Scénariste de L’or sous la neige) : « Mon frère Jean-Marc [Stalner] et moi-même allons réaliser une trilogie dont le premier tome paraîtra en septembre prochain. Je m’occupe du scénario et du découpage, tandis que Jean-Marc s’attèle avec beaucoup d’enthousiasme au dessin. Je me permets bien entendu de le pousser dans ses retranchements, et il retrouve tout le plaisir de se lancer dans une nouvelle saga. »

Joost Swarte (Dessinateur, scénariste) : « Vivre l’aventure dans mon travail m’est plus important que de la dessiner ! "

André Taymans (Dessinateur et scénariste de Caroline Baldwin) : « Une option a été prise sur le film [de Caroline Baldwin] par trois producteurs belges qui sont en train de chercher des financements complémentaires, entre autres au Canada, en France et en Suisse. À côté de cela, Thomas Gunzig a commencé d’écrire le scénario du film, qui se basera essentiellement les albums de Contrat 48-A et Angel Rock. Pour les acteurs, Cendrine Ketels jouera bien entendu Caroline, j’y tiens beaucoup, Jean-Pierre Talbot sera aussi de la partie, ainsi que quelques grands acteurs français, ce qui nous motive encore plus à boucler le financement. »

Galip Tekin (dessinateur turc) : "J’ai été le premier en Turquie à utiliser la bande dessinée comme en Occident, à raconter des histoires de SF. Je devais me battre avec Oğuz Aral car il ne voulait pas de BD dans son journal. Cela fait, tout le monde a enchaîné derrière... Le fantastique reste un thème encore très prisé aujourd’hui. À partir des années 1980, de nouveaux acteurs sont apparus sur le marché. Oğuz Aral était un éditeur assez directif et à un moment, les dessinateurs ont voulu prendre leur liberté. Il y a eu toute une série de revues : Limon puis Hıbır, dans les années 1990. Mais tous étaient dépendants d’un quotidien ou d’un grand groupe de médias. Le premier titre indépendant a été LeMan fondé par Mehmet Çağçağ et Tunçay Akgün. Devant l’afflux de nouveaux dessinateurs de talent, les mêmes ont créé le mensuel L-Manyak dirigé par Bahadir Baruter. Ce dernier a quitté la revue pour créer Lombak, également un mensuel. Puis plusieurs auteurs de LeMan avec quelques autres de Lombak, ont créé Penguen, un hebdomadaire auquel on a rattaché le mensuel Kemik qui a eu un bref mais intense succès. Enfin, des dissidents de Penguen et Kemik ont créé Uykusuz. Toutes ces revues indépendantes sont en kiosque et se font concurrence encore aujourd’hui."

Béatrice Tillier (Dessinatrice et coloriste du Bois des vierges) : « Jean Dufaux et moi partageons cette passion du cinéma, et on peut se rendre compte, comme dans les films de Jean-Pierre Jeunet, que la couleur fait ressentir des émotions complémentaires. […] On peut donc raconter des choses abominables, et les faire passer presque agréablement grâce à la couleur. »

Régine Tillieux
(c) JM Pau

Régine Tillieux (fille de Maurice Tillieux) : « Il (Maurice Tillieux) avait énormément d’images dans la tête. Il a beaucoup voyagé en France. Au début, il ne prenait jamais de photos. Il était dans son atelier et il imaginait. Parce que les lecteurs étaient plutôt des enfants de 9-10 ans qui ne tenaient pas grand compte de la précision et du réalisme. Mais après, des adultes ont commencé à lire de la bande dessinée. Il recevait des lettres qui soulignaient les erreurs. Et ça ne lui plaisait pas. Alors il a commencé à prendre des photos. Ça l’avait piqué au vif. Et inversement, je ne sais plus exactement dans quel album, il avait placé une affiche de Cinzano. Et bien il a reçu une petite caisse de Cinzano pour le remercier de la publicité (rires). »

Jean-Louis Tripp (Co-auteur de Magasin général) : « Je n’aime pas débuter mes planches et les crayonner ; Régis adore cela mais n’aime pas encrer. C’est en faisant ce constat que je lui ai proposé cette idée un peu folle [de collaboration]. En réalité, j’ai vraiment eu une vision de ce que cela donnerait, et cela a correspondu à la réalité. Ce n’est pas mon dessin, mais plus vraiment le sien non plus. Mais nous ne faisons que ce qui nous plaît, ce n’est plus que du plaisir ! »

Lewis Trondheim (dessinateur et scénariste de Lapinot, Donjon, Ralph Azham) : « Il y a trois grands maîtres de la bande dessinée qui ont favorisé l’essor de ce medium. Trois auteurs qui ont su faire de la narration intelligente et tout public. Un pour chaque grand pôle géographique. Tezuka, Hergé et Barks. »

Nicolas Vadot (Dessinateur, Scénariste) : « Il y a quelques années, un couple d’amis avait acheté une maison à Bruxelles. Ils m’ont dit que c’était leur maison pour toute la vie ! Cette phrase m’a terrifié et j’ai failli leur demander s’ils avaient déjà installé leur caveau au fond du jardin. ».

Alberto Varanda (auteur du Petit Pierrot et dessinateur d’Elixirs) : « Je réalise énormément de crobards à côté de mes planches, et dans ces dessins jetés, on se trouve assez loin des pin-ups et dragons, mais on retrouve plutôt des bouilles rondes. […] Puis je suis également d’une nature angoissée, et j’ai tendance à remplir le vide de mes cases. Cette surenchère graphique se remarque surtout après Bloodline, mais comme le lecteur a aimé cela, j’ai persévéré dans cette voie en ne sachant plus me convaincre que je pouvais aborder un travail plus simple. D’une certaine manière, cela doit être pathologique. D’un côté, j’aime cela, et je suis réellement heureux lorsque c’est terminé tout en faisant attention que cela demeure équilibré. Je pourrais effectivement dessiner beaucoup plus simplement, mais psychologiquement, cela m’est impossible sur Élixirs. Comme je n’ai fait pas moi-même mes couleurs sur cette série, il faut que je me rassure graphiquement avant de lâcher le dessin au coloriste. »

Vincent (Dessinateur de Chimère(s)) : « Chimère(s) profite réellement de l’implantation de Paris. Car on retrouve entre autres Gustave Eiffel, ainsi que toute l’effervescence qui précédait l’Exposition universelle. Le Canal de Panama est également en bonne voie, malgré le retard pris par les travaux. On s’immerge donc vraiment dans l’univers de ces financiers qui dirigent ou discutent de ces grands événements historiques. Et toutes ces rencontres se font dans ce bordel, un lieu où ces personnes se croisent et signent parfois des contrats, avec en coulisse l’espionnage que l’on devine. »

Warnauts & Raives (Dessinateur, scénariste "Les Temps nouveaux" ) : « Un jour un journaliste nous a demandé le secret de bonne entente. Nous lui avons résumé notre manière de travailler. Il nous a répondu : « Ah ! Deux auteurs, un égo ». C’est une jolie expression, qui nous convient parfaitement.  »

François Walthéry (Dessinateur, Natacha) : « C’est Jidéhem qui a dessiné les quatre cents premiers gags, cela se voit, cela se sent ! Le style est plus raide, y compris dans la représentation de Gaston. »

Philippe Wurm (Dessinateur Lady Elza) : « Avec Jean Dufaux, il vaut mieux faire un petit dessin qu’un grand discours pour passer un message. Jean est un littéraire, mais il fonctionne beaucoup en fonction de chocs visuels. Quand il voit un dessin, il capte directement les ambiances et les atmosphères, et cela le nourrit. Notre relation est assez intuitive. ».

Philippe Xavier (Dessinateur de Croisade-Nomade) : « Le choix [de modifier le titre de Croisade à Nomade] a produit l’effet contraire, jetant la confusion dans le positionnement de la série. En réalité, nous nous étions éloignés de l’esprit de notre projet, à savoir un socle, un univers dont nous allions poursuivre l’exploration à travers plusieurs personnages en développant leurs aventures sous forme d’épisodes distincts et spécifiques à chacun d’entre eux, comme dans Blueberry, où l’ensemble de l’histoire évolue par cycles, ou encore comme dans Murena. »

Yann (Scénariste, Louve) : « J’ai commencé mon métier en étant provocateur et iconoclaste. Je me suis aperçu que cette posture ne marchait plus du tout ! Je n’arrivais plus à placer mes scénarios impertinents auprès des éditeurs, je n’arrivais plus à gagner convenablement ma vie ! Je me suis donc essayé au scénario réaliste. J’y ai pris du plaisir, même si j’ai dû gommer le ton impertinent qui me caractérisait, mais qui ne correspond pas du tout au genre. Autant l’impertinence convient à l’humoristique, autant l’humour iconoclaste ne porte pas dans une œuvre réaliste. »

Yoann (Dessinateur, Spirou et Fantasio) : « Nous allons baliser notre délire entre Alerte aux Zorkons et La Face cachée du Z. Cela nous laisse une sacrée marge pour trouver des histoires marrantes, intéressantes, intrigantes et surprenantes. Dans l’échelle de Richter de la loufoquerie, le prochain album sera entre ces deux récits ! »

Zidrou
(c) N. Anspach

Zidrou (Scénariste, L’élève Docubu) : « À la fin de l’année 2009, je devais dédicacer dans un salon du livre à Beyrouth. Je m’attendais à ne dédicacer qu’une dizaine de livres et à m’ennuyer le reste du temps. J’arrive au salon, et je vois une file énorme. Je me dis que c’était celle de Marc Lévy qui dédicaçait aussi ses romans. Hé bien, non ! C’était pour Ducobu ! Cela a été un étonnement, puis un déclic. Docubu avait du succès ! »

Zviane (Scénariste de L’ostie d’chat) : "J’aime beaucoup quand les gens pensent que l’auteur est un gars. C’est signe que nos personnages masculins sont réussis. On nous l’a dit souvent d’ailleurs, ça me rend assez fière."

(par Thierry Lemaire)

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Photo en médaillon : Milo Manara © N. Anspach

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Propos recueillis par Nicolas Anspach, Charles-Louis Detournay, Morgan Di Salvia, Thierry Lemaire, Didier Pasamonik, Marianne St-Jacques - Les extraits présentés sont leur propriété respective.

 
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