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Le TOP BD 2022 d’ActuaBD !

Par Tristan MARTINE Kelian NGUYEN Didier Pasamonik (L’Agence BD) Jérôme BLACHON Charles-Louis Detournay Louis GROULT Philippe LEBAS Marlene AGIUS le 13 décembre 2022                      Lien  
Comme chaque année, la rédaction d'ActuaBD vous livre ses coups de coeur pour vous aider à choisir vos cadeaux de Noël ! Actuabd a fait, cette année encore, le choix de vous proposer plusieurs Tops. Vous pourrez ainsi découvrir notre Top BD d'Asie, notre Top Comics et notre Top Bande dessinée indépendante.

Afin de vous proposer le Top 2022, nous avons reproduit le même dispositif que l’an dernier. Nous vous proposons d’abord le Top 5 de 8 de nos rédacteurs. Nous avons ensuite fourni la sélection de ces 34 albums au vote de l’ensemble de la rédaction afin de vous proposer un Top Actuabd 2022 qui soit collégial et qui reflète pleinement la diversité de notre rédaction !

Le TOP BD 2022 d'ActuaBD !

L’album qui l’emporte, de très peu, n’était pas attendu : il s’agit de Hypericon. Certes, son auteur, Manuele Fior est loin d’être un perdreau de l’année, puisqu’il a déjà obtenu en 2011 le Fauve d’Or du meilleur album au festival d’Angoulême pour Cinq mille kilomètres par seconde, mais Hypericon est sorti il y a à peine deux semaines et c’est en général un album publié en début d’année, qui a eu le temps de faire son chemin, qui se retrouve primé en fin d’année !

Cet album, mélange de rigueur archéologique et de rêverie poétique, met en scène une brillante étudiante en archéologie qui participe à Berlin à la préparation d’une grande exposition sur la découverte du tombeau de Toutankhamon et qui rencontre l’amour en la personne d’un jeune Italien rêveur. L’album présente leur belle histoire, entre la Vallée des Rois et la folie berlinoise de la fin du XXe siècle.... "Le rêve, c’est la base de ma narration", nous confiait récemment Manuele Fior ce génie de la suggestion, qui arrive à faire surgir du fantastique au détour du réalisme historique !

Pour vous faire une idée des autres choix de la rédaction, voici le top général de l’ensemble de la sélection :

1) Hypericon, par Manuele Fior, Dargaud
2) Petar & Liza, par Miroslav Sekulic-Struja, ActesSud BD
3) La Dernière Reine, par Jean-Marc Rochette, Casterman
3e ex aequo) Nettoyage à sec, par Mertens, Rue de Sèvres
5) Le Poids des héros, par David Sala, Casterman

Ce Top de l’ensemble de la rédaction diffère sensiblement de celui de nos huit rédacteurs, puisque parmi la sélection initiale, Le Poids des Héros et Journal inquiet d’Istanbul l’emportaient en étant cités trois fois, suivis par Un Général, des généraux et Céleste. Bien sûr, Monsieur Proust, tous deux cités deux fois.

Voici donc, dans le détail, le top de nos rédacteurs :

Jérôme Blachon :

1) Klaus Barbie – la route du rat, par Baur et Brrémaud, Éd. Urban Graphic

Lorsque le témoin raconte l’Histoire : Jean-Claude Bauer était l’un des chroniqueurs presse qui a suivi de bout en bout le procès de Klaus Barbie en 1987. 35 ans plus tard, Frédéric Brrémaux et lui nous livrent un récit-témoignage qui va bien au-delà du procès et qui retrace tout le parcours du « boucher de Lyon », depuis la Seconde guerre mondiale jusqu’à ce fameux procès qui a fait date dans l’Histoire. Un album didactique sans être pesant et très éclairant, à la fois sur ce personnage mais également sur sa traque et sur l’importance de la transmission de la mémoire. Essentiel.

2) Moon, par Cyrille Pomès, Éd. Rue de Sèvres

Lorsque des adolescents se retrouvent coupés de tout réseau, sont-ils perdus ? Oui et non. Dans une ville balnéaire venteuse et terne, au seuil de l’hiver, il vont recréer du lien, se retrouver différemment. Faisant preuve d’une sensibilité toujours affirmée au fil de ses albums, Cyrille Pomès trace un portait sans complaisance mais optimiste de l’adolescence aujourd’hui, avec un dessin aéré qui donne toute sa place aux paysages et à une atmosphère laissant la porte ouverte à tous les possibles. Envoûtant.

3) Mon ami Pierrot, par Jim Bishop, Éd. Glénat

La princesse Cléa rêve de pouvoir faire ses propres choix, mais le poids des traditions l’en empêche. À commencer par l’Amour. Aussi, lorsque Pierrot lui offre une bouffée de liberté, elle s’y engouffre avec extase. Mais la lune de miel est de courte durée et Pierrot ne répond pas à ses attentes. Finalement, entre la peste et le choléra, Cléa a-t-elle vraiment la possibilité de choisir son avenir ? Avec les couleurs pop qui lui sont chères, Jim Bishop nous plonge dans un conte acide et lucide sur la liberté, la connaissance de soi, le poids de l’Amour et des contraintes sociales. Magistral.

4) Le Poids des héros, par David Sala, Éd. Casterman

David Sala est né en 1973. Ses grand-parents, espagnols, ont fait la guerre d’Espagne, puis sont devenus résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. L’un d’eux sera déporté à Mauthausen. Pourtant, on en parlait pas à la maison. Adulte, après la mort de ses grands-parents, il se sent investi d’une « mission mémorielle » et essaye de mieux connaître son histoire familiale et ce qu’ont vécu ses grands-parents. Récit autobiographique au graphisme magnifique inspiré autant par Klimt que par Bacon, l’auteur réalise un travail de mémoire sensible qui nous touche au cœur. Magnifique.

5) La Brigade chimérique – Ultime renaissance, par Lehman, De Caneva, Lou, Éd. Delcourt

12 ans après La Brigade chimérique, paru aux éditions de l’Atalante, Serge Lehman nous propose une suite, accompagnée cette fois de Stéphane de Caneva et de Lou (dessin et couleurs). Reprenant pour une bonne part les personnages du premier opus, ces « super-héros » français luttent contre une menace cosmique. Déjà vu direz-vous ? Certainement pas ! La culture de Serge Lehman semble sans limite sur la littérature fantastique européenne et les références sont légion. Le récit possède donc une profondeur et une richesse que seul le dossier documentaire final, très complet, permet d’appréhender. Une très belle occasion de redécouvrir l’opus initial et d’approfondir sa connaissance de la littérature fantastique européenne. Culte !

Charles-Louis Detournay :

1) Melvile, L’Histoire de Ruth Jacob - Par Romain Renard - Le Lombard

Ce troisième et dernier opus est à la fois l’alpha et l’oméga de la saga Melvile de Romain Renard car on peut terminer sa lecture avec celui-ci, voire même la débuter comme le conseille l’auteur lui-même. La ville devient un personnage à part entière, lorsque le narrateur Paul y retourne 25 ans après l’avoir quittée, se rappelant immédiatement son amour de jeunesse et la tragédie qui a suivie. Rarement (voire jamais) auparavant, un album n’avait intégré les codes du roman pour les adapter ainsi à la bande dessinée. On en sort soufflé, estomaqué, chamboulé, tant l’artiste s’est impliqué dans son travail narratif et graphique pour livrer cet ultime ouvrage de 400 pages en grand format. Un incontournable de l’année, voire de la décennie, qui se complète des bandes-sons, des spectacles et autres ouvrages satellites, en attendant le long-métrage.

2) Mattéo, Sixième époque (2 septembre 1939-3 juin 1940) - Par Jean-Pierre Gibrat - Futuropolis

Pour nous, la trajectoire est limpide : Gibrat vient de terminer une série qui s’impose d’ores et déjà comme une incontestable réussite et qui restera comme l’une des plus belles références du genre. En effet, avec ce sixième tome, le rideau tombe sur l’une des plus belles séries de ces vingt dernières années. Mêlant Histoire et destinées des plus humaines, Jean-Pierre Gibrat n’a pas seulement fait vivre une époque, il a conféré un souffle spectaculaire à une galerie de personnages que l’on quitte avec regret. Mais quel voyage !

3) Shibumi - Par Pat Perna et Jean-Baptiste Hostache - Editions Les Arènes BD

D’aucuns auraient certainement cru impossible l’adaptation en bande dessinée du best-seller de "Trevanian". Un défi magnifiquement relevé par Pat Perna et les Arènes, animé par le souffle de Jean-Baptiste Hostache, qui signe là son deuxième coup de maître de l’année. En lisant ce pavé de 200 pages, on se passionne, on rit, on tremble, on s’exaspère et surtout on profite d’échanges verbaux acérés et tranchants comme un katana... Bref, on est pris du début jusqu’à la fin ! Avec la puissance de ce roman, alliée aux subtilités apportées par Perna et Hostache, on n’est plus avec Shibumi dans le domaine du seul roman graphique, mais dans celui -osons le néologisme- du "graphique roman".

4) Saint Seiya - Les Chevaliers du Zodiaque - Time Odyssey, T. 1 - Par Jérôme Alquié et Arnaud Dollen, d’après l’oeuvre de Masami Kurumada - Kana

Après l’immense succès de l’album de Goldorak en librairie, l’année dernière, c’est avec le même enthousiasme que nous saluons le lancement d’une série en cinq tomes de "Saint Seiya". Fort de sa précédente réussite sur "Albator" (trois tomes parus), Jérôme Alquié s’est investi sans compter pour que cette nouvelle série, en grand format et en couleurs, rappelle le dessin animé diffusé dans le Club Dorothée. Un investissement si important, tant du point de vue du scénario que du dessin, que cette série a non seulement reçu l’aval de Masami Kurumada lui-même, mais a également été prépubliée au Japon avant même sa sortie en Europe : un événement que l’on peut qualifier d’exceptionnel !

5) Donjon Zénith T. 9 : Larmes et brouillard par Sfar, Trondheim, Boulet & Walter - Delcourt

Avec ce nouvel opus, la saga de Donjon franchit le cap des cinquante albums. Il souligne ainsi le retour gagnant d’une des plus formidables séries-concept du franco-belge alliant l’humour à la Fantasy, une partie de la frange indépendante qui tendait la main vers le grand public. Alors que l’on va fêter les 25 ans de cette saga, qui maintenant se décline sur une demi-douzaine de séries parallèles, les auteurs s’amusent toujours autant, tout en donnant de plus en plus d’épaisseur à leurs personnages. Une qualité qui doit donner envie à tous les fans de la première heure, de reprendre la série en cours, quel que soit leur point d’entrée préféré.

Louis Groult :

1) La Dernière Reine, par Jean-Marc Rochette, Casterman

Je trouve que Rochette monte en puissance à chaque album ! Là c’est juste une perfection (j’ai pleuré dix minutes non stop après ma lecture). Le dessin est d’une puissance folle, le passage dans le milieu de l’art très instructif et quelle vision de la nature !

2) Céleste. Bien sûr, Monsieur Proust, par Chloé Cruchaudet, Soleil

C’est fou de changer de trajectoire comme ça. Après des BD très punks, parler avec autant de finesse de Proust c’est assez dingue. Et j’adore son jeu sur le gaufrier classique.

3) L’Arabe du futur T. 6, par Riad Sattouf, Allary Éditions

Cette série monte en puissance de tome en tome. Riad Sattouf a crée un style juste parfait et inimitable. Et quelle pertinence à propos de la jeunesse et des questions d’identité !

4) Humaine trop humaine, par Catherine Meurisse, Dargaud

J’aime beaucoup le travail de Catherine Meurisse depuis des années mais j’avais une certaine nostalgie de l’époque où elle écrivait les meilleures BD de vulgarisation ! Elle y revient avec cet album très très bon.

Philippe Lebas :

1) Nettoyage à sec, par Mertens, Rue de Sèvres

Un bijou graphique serti dans une histoire prenante

2) L’homme à la tête de lion, par Coste, Sarbacane

Un album digne du précédent succès de Coste, mais dans un tout autre univers : celui des freaks.

3) Journal inquiet d’Istanbul, par Karabulut, Dargaud

Une plongée réjouissante et flippante dans le monde des caricaturistes dans la Turquie d’Erdogan.

4) Le Poids des héros, par David Sala, Casterman

Un bel hommage à ses ascendants espagnols par un dessinateur particulièrement brillant.

5) Les Assiégés, par Bizzarri et Nardella, Sarbacane

Un polar sombre à la narration parfaitement huilée

Tristan Martine :

1) Un Général, des généraux, par Nicolas Juncker et François Boucq, Le Lombard.

Avoir des fous-rires devant un album de bande dessinée historique, ce n’est pas fréquent. C’est pourtant ce qui vous arrivera si vous vous plongez dans cette histoire plus vraie que nature qui traite sur le ton de la farce le coup d’Etat du 13 mai 1958 qui provoqua le retour du général de Gaulle et l’avènement de la Ve République. N. Juncker excelle dans le portrait ciselé de généraux limités et dépassés, servi à merveille par le trait caricatural et nerveux de F. Boucq.

2) Céleste. Bien sûr, Monsieur Proust, par Chloé Cruchaudet, Soleil

En cette année qui célèbre le centenaire de la mort de Proust, on pouvait craindre le pire dans la récupération éditoriale de cet évènement. Et c’est finalement le meilleur qui nous est arrivé ! C. Cruchaudet met finement en lumière le personnage de Céleste Albaret, servante fidèle du grand Marcel. On la suit dans son admiration béate devant le génie littéraire, mais aussi dans le rapport complexe qu’elle entretenait avec lui. Le tout est servi par un trait sensible qui multiplie les inventions graphiques pour nous plonger avec succès dans une atmosphère particulière qui vit la naissance d’une œuvre universelle !

3) Celle qui parle, par Alicia Jaraba, Bamboo

La Malinche est une figure centrale de l’histoire mexicaine : fille d’un chef aztèque, maîtrisant différentes langues du territoire conquis par Cortès, elle devint l’indispensable interprète, ainsi que la maîtresse, du conquistador espagnol. Parfois considérée comme une habile négociatrice, parfois comme une traîtresse, cette figure majeure de l’histoire sud-américaine est traitée avec une grande intelligence par Alica Jaraba, qui livre un récit très juste sur la situation des femmes au XVIe siècle, tout en traitant graphiquement de manière brillante la question du plurilinguisme, de la traduction et des enjeux linguistiques dans les sociétés humaines.

4) La République du crâne, par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, Dargaud

Aurait aussi pu figurer dans cette liste le quatrième tome du Roy des Ribauds, des mêmes auteurs. Le duo Brugeas/Toulhoat continue de briller, année par année, avec une belle régularité, tout en parvenant malgré tout à nous surprendre, comme avec ce récit de pirates qui est en fait une belle réflexion sur la liberté, la démocratie et les conflits sociaux. Un regard neuf et original sur la piraterie au sein d’un récit d’aventure très réussi !

5) Le Petit Frère, par Jean-Louis Tripp, Casterman

Tripp est le roi de l’impudeur pudique. Après avoir étalé avec finesse sa vie sexuelle dans les deux premiers tomes d’Extases, il met en scène un drame intime : la mort, sous ses yeux, de son petit frère qui n’avait pas encore 12 ans, alors que lui-même était âgé de 18 ans. À cette histoire qui marque la fin de l’insouciance du jeune Jean-Louis, le grand Tripp arrive à donner une portée universelle, bouleversante.

Kelian Nguyen :

1) Les Étoiles s’éteignent à l’aube - Par Vincent Turhan - Sarbacane

Franklin Starlight se retrouve face aux derniers instants de vie de son père absent. Entre quête de réponses et de racines, ces deux êtres liés par le sang mais si éloignés traversent les Rocheuses dans ce conte plein d’humanité et de tendresse. Soulignée par des planches subjuguantes en couleurs directes à la gouache, cette histoire permettra à chacun de verser quelques larmes et de soigner nos "Daddy Issues".

2) Ténébreuse T. 2 - Par Hubert & Vincent Mallié - Dupuis

Certains connaissances déjà ma dévotion pour la bibliographie d’Hubert, mais avec ce diptyque on atteint des sommets. Les subtils doubles sens de lectures subliment ce récit de cape et d’épée fantastique, dans tous les sens du terme.

3) La Dame blanche - Par Quentin Zuttion - Le Lombard

Toujours autant poignant dans sa narration, Quentin Zuttion quitte les intrigues militantes pour des minorités et s’attaque, sans grand slogan, au domaine médical. En s’inspirant de l’histoire de sa sœur, aide-soignante dans un EHPAD, il touche avec une luminosité sans égale aux questions de fin de vie, de dépendance et aux métiers du care plus que jamais au cœur de nos vies quotidiennes

4) Journal inquiet d’Istanbul - Par Ersin Karabulut - Dargaud

Pour nous Occidentaux, qui pensons dominer le monde, le Moyen-orient paraît parfois un peu obscur. D’autre nous en ont déjà ouvert les portes (Sattouf, Satrapi...) mais Karabulut nous fait vivre la Turquie d’Erdogan de l’intérieur. Un point de vue encore plus intéressant puisqu’il s’agit de celui d’un dessinateur d’humour, un cartoonist, métier de plus en plus menacé par les répressions politiques ou religieuses.

5) Hypericon - Par Manuele Fior - Dargaud

L’histoire de l’Égypte Antique fait aussi partie de mes passions et à l’heure de célébrer les cent ans de la découverte de la tombe de Toutankhamon, les BD sur cette aventure n’ont pas manqué à l’appel. Mais la virtuosité de l’artiste italien est de l’avoir couplé avec une idylle naissante dans un Berlin post chute du mur. La virtuosité de ses dessins de corps se marie parfaitement avec la sincérité et l’universalité d’une histoire qui semble être du style tranche de vie simple, mais qui, en définitive, nous fait réfléchir sur notre place et notre but sur cette Terre.

Didier Pasamonik :

1) Spirou : l’Espoir malgré tout T. 4, par Émile Bravo - Dupuis

La tétralogie d’Émile Bravo, Spirou : l’Espoir malgré tout est à mon sens la plus importante bande dessinée sur la Shoah produite depuis Maus d’Art Spiegelman. D’abord parce que la qualité de sa documentation est ahurissante : en évoquant le destin du couple de peintres Félix Nussbaum et Felka Platek, il fait se rencontrer un personnage de fiction -Spirou- avec deux personnes assassinées à Auschwitz. Ensuite parce que son empathie pour ses personnages en fait une oeuvre qui a une relation apaisée avec le génocide des Juifs d’Europe : pas question ici de montrer, comme dans Maus, les horreurs du camp et ses monceaux de cadavres. C’est considéré comme su. Il se penche au contraire sur le processus du génocide, l’antisémitisme insidieux, la lâcheté de toute une population...

Surtout, il donne aux jeunes lecteurs les armes pour rester lucides, tout simplement humains, face à la "bête immonde" des fascismes et de toutes ses répliques autoritaires. Alors que la guerre est à nouveau aux portes de l’Europe, nous avons là, pour ces valeurs, un formidable outil de transmission.

2) Un Général, des généraux, par Nicolas Juncker et François Boucq, Le Lombard

De De Gaulle, le plus souvent, on ne retient que le grand pantin déginguandé avec ses punchlines : "Je vous ai compris", "vive le Québec libre"... Dans l’album de Juncker et Boucq, on découvre toute la complexité de l’Histoire. Son côté tragique, son côté farce aussi, à propos d’un épisode de la Guerre d’Algérie méconnu de nos contemporains et qui a bien failli mener la France sous le joug d’une dictature.

3) La Porte de l’Univers - par Daniel Goossens – Fluide Glacial

Revenons un temps sur le plus grand humoriste de l’époque. Un dessin virtuose au service d’un regard sur le bipède : humain, décalé, impitoyable mais aussi très tendre. Lisez Goossens et écoutez ensuite un discours de n’importe quel homme politique qui vous effraie, et vous constaterez toute la puissance de cet antidote contre la connerie humaine.

4) Edgar P. Jacobs : le Rêveur d’apocalypse - par François Rivière et Philippe Wurm - Glénat

Bon, il est paru l’année dernière à cette époque. Mais pour un nostalgique comme moi qui a croisé Jacobs et son entourage proche, je peux vous dire que nous avons avec l’album de Philippe Wurm & François Rivière un portrait fidèle, et de l’homme, et de son contexte historique qui est celui de la publication des premiers Blake et Mortimer. Beau et stupéfiant.

5) Le Sang des cerises – par Fr. Bourgeon – Delcourt

François Bourgeon fait partie de ces auteurs que le prochain siècle redécouvrira avec étonnement quand il prendra le temps de se pencher sur le contenu et la méthode de création de ses chefs-d’oeuvre. Jeune lecteur, jeune lectrice qui feuilletez cet album en vous disant que c’est exigeant, voire "un peu vieillot", dites-vous que oui, ce l’est, comme Shakespeare, Molière, Boileau, Pierre Larousse ou Jules Verne le sont dans leur registre et leur époque respectifs.

Nous sommes ici face à un auteur et une oeuvre intemporels : Bourgeon, c’est LA BD classique du XXe siècle, un travail impressionnant, intelligent et profondément humain. Faites un sort heureux à cette fin de partie pour Les Passagers du vent. C’est le moment de les relire !

Marlène Agius Sheynin :

1) Le Secret de la Force Surhumaine, par Alison Bechdel, Denoël Graphic

Troisième volet de ses bandes dessinées auto-biographiques, Alison Bechdel revient avec un pavé encore plus introspectif. Au programme : sport burlesque, philosophie transcendantale, relations foireuses, politique obsolète, création compulsive. C’est un page-turner qui perd aisément le lecteur, mais seulement pour mieux le retrouver à la fin, en contemplant sa propre force.

2) Le Poids des héros, par David Sala, Casterman

David Sala, dépositaire de la mémoire de sa famille et ses héros, nous fait voyager entre séquences inventées et souvenirs d’enfance. Avec des couleurs pétantes, c’est une BD fascinante sur les deux grands-pères de l’auteur, deux vies qui hantent ou qui libèrent.

3) Petar & Liza, par Miroslav Sekulic-Struja, ActesSud BD

Cette rencontre en ex-Yougoslavie n’est peut être pas le terrain de rêve qu’attend le lecteur ; c’est dans une Croatie paumée, dans une ville de squats et de poésie crade que Miroslav Sekulic fait défiler les personnages, seuls et oniriques. Il nous laisse un goût métallique et nostalgique dans la bouche, avec un graphisme à la peinture aussi dense que perturbante, qu’on pourrait scruter pendant des heures.

4) Journal inquiet d’Istanbul, par Karabulut, Dargaud

Karabulut signe le premier tome d’une trilogie autobiographique : son chemin de caricaturiste dans une Turquie en constante surveillance, ses déboires dans les redactions, ses succès en dépit de ses déboires, ses désillusions malgré son succès ; c’est assez drôle pour être lu d’une traite, et assez sérieux pour faire de cet album un témoignage important et sincère.

(par Tristan MARTINE)

(par Kelian NGUYEN)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Jérôme BLACHON)

(par Charles-Louis Detournay)

(par Louis GROULT)

(par Philippe LEBAS)

(par Marlene AGIUS)

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Code EAN : 9782205089813

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